"Nous suspendons et nous rencontrons le 3 (décembre) au matin, c'est-à-dire mardi matin à 9h30, Édouard Philippe et ses conseillers avec les Jeunes Agriculteurs pour refaire un point sur l'ensemble des sujets", a déclaré Christiane Lambert après avoir rencontré la secrétaire générale adjointe de l'Élysée, Anne de Bayser, et les conseillers agricoles de l'Élysée, ainsi que le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, dans les locaux de son ministère.
Les agriculteurs qui manifestaient à l'appel des syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs entendaient exprimer leur désarroi face aux difficultés économiques qui s'accumulent et à la défiance d'une partie des citoyens, notamment concernant les zones de non traitement aux pesticides (ZNT) - destinées à protéger les populations contre les dangers potentiels de ces produits.
"Nous avons beaucoup ferraillé, nous savons qu'il y a des décisions difficiles, les acteurs doivent jouer le jeu", a expliqué Mme Lambert.
Zones de non traitement
Évoquant la question épineuse des ZNT, très mal vécues par les agriculteurs, Mme Lambert a indiqué que ce "n'était pas une question de distance" mais "plus une question de bonnes pratiques".
Elle a dénoncé un débat "complètement hystérisé par des décisions polémiques, politiques", prises "dans une période pré-électorale" et qui, comme l'a dit le président de la République, a-t-elle souligné, relèvent de "la compétence des agences, de l'Anses, et de la responsabilité du code de l'environnement".
"Je fais confiance à mon médecin. Quand (il) me dit de me faire vacciner, je le fais. Nous devons tous faire davantage confiance à la science", a-t-elle ajouté, en sous-entendant que les agriculteurs utilisent des produits autorisés selon des conditions établies par l'Anses, l'agence de sécurité sanitaire.
"Si la science dit qu'on peut aller à zéro mètre, le gouvernement suivra: c'est ce qu'a dit le ministère de l'Agriculture et la représentante du président de la République", a affirmé Mme Lambert.
De son côté, Didier Guillaume a estimé que la réunion "s'était très bien passée": "nous soutenons ce mouvement, parce que sur les deux points revendiqués, ils ont raison. Premièrement, il faut cesser ce dénigrement permanent des agriculteurs. Les agriculteurs et agricultrices ne sont pas des pollueurs (...) Le deuxième sujet sur lequel nous les soutenons, c'est que le revenu des agriculteurs aujourd'hui n'est pas assez élevé", a-t-il indiqué.
Opérations escargot sur le périphérique
Venus de six régions entourant la capitale, les agriculteurs en tracteur avaient prévu au départ de se rassembler sur l'avenue Foch, quartier cossu dans l'ouest de la capitale, où les forces de l'ordre les attendaient. Ils ont finalement mené des opérations escargot sur le périphérique, en espérant une rencontre avec le président de la République Emmanuel Macron, tandis qu'environ 200 agriculteurs, venus à pied ou en voiture, étaient massés à un carrefour sur les Champs-Élysées, selon un journaliste de l'AFP sur place.
En début de soirée, les dirigeants des deux syndicats nationaux, ainsi que Damien Greffin, président de la FDSEA Ile-de-France sont venus présenter les résultats de l'entrevue au ministère de l'Agriculture devant la centaine de manifestants encore présente sur les Champs-Élysées. "On a obtenu un certain nombre d'avancées", a estimé M. Greffin, en indiquant qu'on "s'acheminait vers une sortie de l'action dans les minutes et les heures qui viennent. On va entamer le mouvement de retour".
Certains groupes d'agriculteurs présents sur le périphérique avaient toutefois plus de mal à renoncer à la mobilisation porte Dauphine (ouest) et près de la porte d'Orléans (sud), où Mathieu Garnotel (agriculteur dans la Marne) restait ainsi dans son tracteur. "On trouve qu'il n'y a pas vraiment d'avancées". "On se pose la question de savoir si on va avenue Foch", en tout cas "il y a 80% de chances qu'on reste là cette nuit", a-t-il assuré.
Interrogé par l'AFP sur cette intention de certains agriculteurs de rester sur le périphérique, le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs Ile-de-France, Frédéric Arnoult, a évacué cette perspective. "C'est de notre responsabilité de lever le barrage, et nous allons le faire", a-t-il assuré.
Le mouvement a également touché les régions de Lyon, du Mans, de Clermont-Ferrand et de Toulouse.
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