La ministre des Armées Florence Parly doit se rendre sur la base de Gao au Mali, avec le chef d'état-major des armées François Lecointre, pour s'incliner devant les 13 cercueils, avant le retour des corps en France.
"Les corps ont tous été récupérés, ils sont en sécurité dans une emprise française", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'état-major, le colonel Frédéric Barbry, sans plus de précisions, par égard pour les familles.
"Toutes les opérations sont en cours pour pouvoir rapatrier nos camarades dans les meilleures conditions et le plus rapidement possible", a-t-il ajouté sur la chaîne BFMTV.
Une cérémonie d'hommage national, présidée par le président Emmanuel Macron, aura lieu aux Invalides dans les prochains jours. La date de lundi, évoquée dans les médias, n'a pas été immédiatement confirmée.
Sur la base de Pau Uzein, dont sept militaires du 5e régiment d'hélicoptères de combat (5e RHC) ont péri dans l'opération, une cérémonie a été organisée mercredi matin en présence des familles, dont l'ancien ministre Jean-Marie Bockel, père d'une des victimes, a constaté une journaliste de l'AFP.
Deux rafales de la base voisine de Mont-de-Marsan (Landes, sud-ouest) ont survolé Pau Uzein vers 09H50 en hommage aux victimes.
Une nuit sans lune
Les deux hélicoptères transportant les 13 militaires sont entrés en collision alors qu'ils appuyaient des commandos parachutistes au sol qui venaient de repérer des pick-up suspects, dans le sud du Mali.
L'armée française a subi une de ses plus grandes pertes depuis l'attentat contre le QG français Drakkar à Beyrouth en 1983, qui avait fait 58 morts.
Les deux boîtes noires ont été récupérées pour être analysées par des enquêteurs. "Dans les prochains jours, elles vont parler", a assuré le général Lecointre sur la radio France Inter.
"Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé", a-t-il ajouté, "mais une opération militaire au Sahel, c'est toujours un exercice de très haute couture (...) qui exige une coordination extrêmement fine, dans des conditions toujours difficiles, dans des conditions de combat", a-t-il expliqué.
Les appareils, un hélicoptère de combat Tigre et un Cougar servant au transport de commandos, sont intervenus à très basse altitude par une nuit noire ("nuit 5", disent les militaires, la plus obscure), "sans lune" en "œuvrant avec des jumelles de vision nocturne", a raconté le colonel Barbry sur BFMTV.
La presse française pointait mercredi le "lourd tribut" payé par la France dans la lutte antijihadiste, se faisant l'écho de questions qui reviennent en boucle: faut-il rester au Mali, pour quoi faire ?
"Passé le moment des hommages et du deuil, on ne pourra pas échapper à une interrogation collective sur le devenir et les modalités de l'intervention française. Où va Barkhane ?", s'interroge le quotidien Nice-Matin.
Pas de "victoire définitive"
L'opération française Barkhane mobilise 4.500 hommes dans la bande sahélo-saharienne. Mais, malgré six ans de présence ininterrompue, l'horizon est de plus en plus obscurci.
Les violences jihadistes persistent dans le nord du Mali et se sont propagées au centre du pays ainsi qu'au Burkina Faso et au Niger voisins. Les attaques se multiplient, avec des pertes de plus en plus lourdes pour les armées locales, débordées. La France a aussi perdu 41 militaires au Sahel depuis 2013.
"Nous n'atteindrons jamais une victoire définitive (...) jamais les armées françaises iront défiler, en vainqueurs, en passant sous l'Arc de Triomphe", a concédé, sans fard, le général François Lecointre.
Mais le combat de l'armée française est "utile et nécessaire", a-t-il réaffirmé. "Nous avons des résultats, mais il faut être patients et persévérants", a-t-il assuré.
Un quasi-consensus demeure pour l'instant dans la classe politique sur la nécessité de poursuivre la mission, à l'exception des appels émanant de La France Insoumise (LFI, gauche radicale).
Un retrait serait "irresponsable", a déclaré le président du Modem (centre) et maire de Pau, François Bayrou, dont la ville abrite un des régiments en deuil.
"Ça voudrait dire que l'Occident que nous représentons là-bas, que l'Europe, que la France, que certaines valeurs de civilisation ont subi une défaite et qu'on bat en retraite. Ca serait une déflagration", a-t-il estimé sur la radio RTL.
bur-vl/lv/jhd
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