Appelant à un "électrochoc" pour "briser la chaîne du silence", le Premier ministre français Edouard Philippe a annoncé des initiatives pour mettre fin à des "dysfonctionnements dont nous n'avons pas jusqu'à aujourd'hui voulu prendre conscience".
La colère est montée d'un cran ces dernières semaines dans de nombreux pays face aux féminicides - 87.000 femmes tuées dans le monde en 2017, dont la moitié par des proches, selon l'ONU -, un phénomène longtemps ignoré ou minoré. Et les appels au changement se multiplient.
Lundi, la mission des Nations unies en Afghanistan a demandé un effort au gouvernement de Kaboul contre les violences faites aux femmes, massives dans le pays et en hausse, selon un récent rapport de la Commission afghane des droits de l'Homme.
"Les femmes et filles afghanes continuent de subir des violations étendues de leurs droits humains et une violence persistante", a regretté Aleta Miller, représentante d'ONU-Femmes pour l'Afghanistan.
La fin du "crime passionnel"
En France, où ce type de meurtre a longtemps été qualifié de "crime passionnel", au moins 117 femmes ont été tuées en 2019 par leur conjoint ou ex-conjoint, selon un décompte de l'AFP.
Pour y parer, le gouvernement a prévu plusieurs mesures juridiques: création d'une "nouvelle circonstance aggravante pour les auteurs de violences dans le cas de harcèlement ayant conduit au suicide", inscription dans la loi de la notion d'"emprise" psychologique, qui "prépare souvent la violence physique", secret médical réaménagé pour les situations "où il existe un risque sérieux de renouvellement de violence", ligne d'écoute pour les victimes de violences conjugales fonctionnant 24 heures sur 24.
Aux associations qui réclament davantage de moyens, il a promis 360 millions d'euros dédiés l'an prochain à la lutte contre les violences faites aux femmes.
Très attendues, ces mesures ont souvent été jugées insuffisantes par les militantes féministes, qui ont mobilisé des dizaines de milliers de manifestants dans toute la France samedi.
"Le gouvernement rate le coche", a réagi Caroline De Haas, du collectif #NousToutes, ajoutant que "la déception est à la hauteur de l'immense mouvement".
Saluant "des avancées très concrètes", la présidente de la Fondation des femmes Anne-Cécile Mailfert a néanmoins regretté que "le gouvernement ne prenne pas conscience que ces campagnes de sensibilisation aux violences conduisent de nombreuses femmes à solliciter les associations, et qu'elles n'ont pas plus de moyens pour les aider".
"Pourquoi l'Espagne réussit contre les violences conjugales ? Ce pays ne se contente pas d'opérations de communication", a tweeté le député Les Républicains (droite) Aurélien Pradié, demandant plus de moyens au gouvernement.
L'Espagne, pays pionnier
Plusieurs autres pays ont saisi l'occasion de cette journée internationale pour afficher ou renouveler leur détermination à lutter contre les violences faites aux Femmes.
En Afrique du sud, où une femme est assassinée toutes les trois heures, le président Cyril Ramaphosa a exhorté les hommes à renoncer aux "attitudes sexistes et patriarcales", en lançant un plan d'urgence doté de plus d'un milliard et demi de rands (100 millions d'euros).
Face à une violence domestique qui "a pris des dimensions inquiétantes ces dernières années", avec une hausse de 34,5% entre 2014 et 2018, la police grecque a quant à elle annoncé la mise en place d'un nouveau service dédié, comprenant juristes, sociologues et psychologues.
En Espagne, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé à travers le pays, à Madrid, Barcelone, Valence, Saragosse et Bilbao.
L'Espagne est un pays pionnier dans la lutte contre les crimes spécifiques contre les femmes. En 2004, une loi contre les "violences de genre" y avait été adoptée, à l'initiative du gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero, suivie d'un Pacte national en 2017 quand le conservateur Mariano Rajoy était au pouvoir.
En Argentine, pays de 44 millions d'habitants où les féminicides ont fait 229 mors de janvier à octobre, plusieurs centaines de femmes ont manifesté à Buenos Aires. Elles en ont profité pour dénoncer les discriminations contre les femmes dans la Bolivie voisine.
En Russie, où les violences domestiques ont été décriminalisées en 2017, un millier de personnes ont manifesté lundi soir à Moscou. L'été dernier, la Cour européenne des droits de l'homme avait épinglé fermement le droit russe, qui "ne reconnaît pas" ces violences, et les autorités "réticentes à reconnaître la gravité du problème".
Et en Turquie, la police a dispersé par la force, à coups de gaz lacrymogène et balles en plastique, plusieurs milliers de manifestants, des femmes pour la plupart, qui défilaient à Istanbul pour demander la "fin de l'impunité" pour les auteurs de violences contre les femmes, un mal endémique dans le pays.
burs-mw/mba/glr/roc
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