Selon un décompte du Syndicat national des journalistes, au total, "près de deux journalistes sur trois ont cessé le travail" ce lundi. De son côté, la direction de Radio France a dénombré sur l'ensemble de la journée 671 grévistes, sur un effectif de 2.681 salariés prévu ce lundi, soit un taux de participation à la grève de 25%.
Les syndicats de la radio publique avaient invité les salariés à cesser le travail, pour des durées variables, alors qu'ils doivent rencontrer la direction plusieurs fois dans la semaine: la CGT a organisé une grève reconductible à partir de ce lundi, tandis que la CFDT, SNJ et Sud ont déposé un préavis courant jusqu'à vendredi, et l'UNSA et FO ont appelé à une mobilisation de 24 heures.
Un message qui a été clairement entendu, comme l'ont souligné les représentants du personnel lors d'une assemblée générale. Dès le début de la journée, les antennes du groupe ont été fortement perturbées, en particulier les matinales, qui constituent un carrefour d'audience stratégique.
A commencer par France Inter, navire amiral du groupe, où en lieu et place de la matinale, les auditeurs devaient se contenter d'une programmation musicale. France Culture a également basculé sur une "playlist". Et, si sur franceinfo la matinale a pu être en grande partie assurée, elle n'a pu être diffusée sur près de la moitié des 44 stations locales de France Bleu, d'après le Syndicat national des journalistes (SNJ).
Les syndicats jugent que le plan de 299 départs volontaires (sur près de 4.800), présenté la semaine dernière lors d'un CSE central extraordinaire par la présidente du groupe public, Sibyle Veil, "est dangereux, pour chacun des salariés et pour la pérennité de Radio France".
Pour la direction, ce plan, qui s'accompagnera parallèlement de 76 créations de postes, est nécessaire pour pouvoir continuer d'investir dans le numérique et faire face à la baisse des crédits de l'audiovisuel public décidée par le gouvernement.
"On ne pourra pas tenir"
L'annonce de ce nouveau plan d'économies dans le groupe public, alors même que ses audiences sont au sommet (le nombre d'auditeurs de France Inter dépasse depuis plusieurs trimestres celui de sa grande rivale RTL), avait déjà déclenché une grève très suivie au mois de juin.
"C'est ma première grève", a confié à l'AFP une journaliste du groupe public, récemment intégrée après des années en CDD. "Informer, comme soigner ou enseigner, cela a un coût et on nous demande de produire plus. On ne pourra pas tenir", s'inquiète-t-elle.
Comme beaucoup de salariés, elle se demande "à qui ce plan profite", alors que la radio publique n'a jamais rassemblé autant d'auditeurs et fait figure de bon élève en matière de numérique.
"L'Etat se désengage", déplore une autre reporter du groupe, "depuis 22 ans à Radio France", qui souligne en outre que le plan cible des emplois au bas de la pyramide hiérarchique, comme les assistants de gestion en région, plutôt que des cadres.
Pour les syndicats, ces départs vont accroître la charge de travail des salariés restants, et risquent de dégrader in fine la production des programmes.
"Nous respectons ce temps d'expression des grévistes. Mais le projet de transformation de Radio France est nécessaire pour construire son avenir et celui des salariés et nous souhaitons le mener dans le dialogue", répond-on du côté de la direction, où l'on insiste sur le caractère strictement volontaire des départs projetés, qui reposeront notamment sur "des aménagements de départs à la retraite".
Les grévistes ne manquent pas d'idées pour donner plus d'écho à leur mobilisation. Outre une manifestation envisagée devant le ministère de la Culture, qui devrait mettre à l'honneur le Choeur de Radio France (la structure la plus touchée par le plan, avec une trentaine de postes menacés) et une cagnotte en ligne, un collectif baptisé "Radio Dedans Dehors" a été constitué.
Il vise à fédérer les soutiens à l'intérieur et à l'extérieur du groupe, notamment via un podcast.
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