Le Medef ouvre le bal lundi matin, suivi de la CFTC, avant la CPME, la CFDT, l'Unsa et Force ouvrière.
Les discussions se poursuivront mardi avec la CGT, qui a levé le doute dimanche sur sa participation, l'U2P et la CFE-CGC fermant le ban. Face aux dirigeants des centrales, le Premier ministre Edouard Philippe sera accompagné du haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye et de la ministre des Solidarités Agnès Buzyn.
Pour Matignon, il s'agit "de faire un point sur l'ensemble de la réforme": le système universel à points voulu par l'exécutif, la "transition" entre les 42 régimes actuels et le dispositif futur, mais aussi "le retour à l'équilibre" dès 2025, date d'entrée en vigueur du nouveau meccano. Et aussi de montrer que "le dialogue social continue".
Mais le ton s'est durci à l'approche d'une mobilisation potentiellement massive et durable.
Les syndicats de la RATP et de la SNCF qui avaient annoncé un mouvement reconductible à partir du 5 décembre ont été rejoints par l'intersyndicale CGT, FO, FSU et Solidaires pour une grève interprofessionnelle et plus d'une centaine de manifestations en France, puis par des organisations d'Air France, d'EDF, d'avocats, de magistrats...
Sans rejoindre les grèves, les cadres de la CFE-CGC ont appelé à manifester, et la CFTC a laissé ses syndicats libres de rallier le mouvement.
Quand bien même sa confédération soutient globalement la réforme, la CFDT-Cheminots aussi a déposé un préavis pour le 5. Avec l'espoir d'obtenir l'application du nouveau système aux seuls futurs embauchés de la SNCF, au titre de la "clause du grand-père".
Il n'en fallait pas davantage pour qu'Emmanuel Macron réduise la grève du 5 à une révolte des salariés bénéficiant de régimes spéciaux "d'une autre époque". "Une mobilisation pour conserver des inégalités", a abondé le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand.
"Le président de la République, qui devrait être le président de tous les Français, essaye de diviser les Français", a répliqué dimanche le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, dénonçant une pratique d'"ancien monde" qui vise à "stigmatiser des pseudo-privilégiés".
Le dirigeant cégétiste a au contraire prédit que la mobilisation serait "très massive" et irait "bien au-delà des régimes spéciaux", en formant le voeu que les salariés du privé comme les agents publics se fassent entendre "jusqu'à ce qu'on retire ce mauvais projet".
"Anxiété"
Dans ce contexte, faut-il s'attendre à des concessions à Matignon? "Ils ne lâcheront rien avant le 5", pronostique un négociateur syndical.
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, et le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, appellent au moins à sortir de "l'ambiguïté".
"Il faut trancher les points majeurs avant le 5 décembre, c'est ce que je vais dire au Premier ministre", a confié le patron des patrons au Parisien, estimant que "le flou" ajoute "de l'anxiété à l'anxiété".
Mais avant toute décision, Edouard Philippe a promis de consulter les partenaires sociaux sur le rapport du Conseil d'orientation des retraites, qu'il a commandé pour justifier d'éventuelles mesures d'économies avant la réforme.
Diverses hypothèses sont "ouvertes" pour combler un déficit potentiel de "10 à 12 milliards" d'euros, a rappelé jeudi le Premier ministre, écartant une baisse des pensions ou une augmentation des cotisations.
"Il faut dire aux Français clairement" que "nous allons travailler plus longtemps", soit "par la durée de cotisation soit par une mesure d'âge", a-t-il insisté. Au risque de fâcher son interlocuteur syndical le plus conciliant, Laurent Berger, qui dimanche a redit son refus d'une "mesure paramétrique" (durée de cotisation, âge de départ...) pour rééquilibrer les régimes, car cela "accentuerait les inégalités".
"S'il y a en décembre ou début janvier un projet de loi qui est déposé avec une mesure paramétrique, la CFDT appellera les salariés à se mobiliser: c'est clair ?", a prévenu le dirigeant du premier syndicat de France.
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