Au total, le Premier ministre Edouard Philippe, accompagné d'une douzaine de membres de son gouvernement, doit présenter ou confirmer lundi matin une "cinquantaine de mesures" en conclusion de cette concertation lancée début septembre pour endiguer le fléau des féminicides.
Depuis le début de l'année 2019, au moins 117 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon un décompte et une étude au cas par cas menés par l'AFP.
Quelque 213.000 femmes majeures sont victimes chaque année de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, selon les dernières données officielles.
"Les attentes sont immenses", a martelé dimanche le collectif féministe #NousToutes, à l'origine de manifestations ayant réuni samedi des dizaines de milliers de personnes dans toute la France pour dire "stop" aux violences sexistes et sexuelles. La date de ces marches comme celle de la fin du "Grenelle" n'ont pas été choisies au hasard: le 25 novembre est la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.
"Nous avons marché pour dire notre colère. Pour exiger des mesures et des moyens à la hauteur. C'est maintenant au tour du gouvernement d'agir", a rappelé le collectif.
Sur les réseaux sociaux, l'association a appelé dimanche soir ses sympathisants à afficher à leur fenêtre des slogans réclamant "un milliard, pas des bobards" en faveur de cette cause.
"Les moyens sont au rendez-vous et toutes les nouvelles politiques publiques seront financées", a dit la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa dans une interview au Figaro publiée dimanche soir. Tout en soulignant que "la lutte contre les violences conjugales ne se résume pas à une question d'argent".
Parmi les mesures concrètes, Mme Schiappa a d'ores et déjà annoncé que le gouvernement allait créer et cofinancer à 50%, dans chaque région, deux centres de prise en charge des hommes auteurs de violences conjugales, afin de faire baisser la récidive.
Par ailleurs, la ligne d'écoute dédiée aux victimes de violences conjugales, le 3919, fonctionnera désormais "24 heures/24 et 7 jours sur 7", a-t-elle indiqué.
Parmi les autres mesures attendues, certaines doivent figurer dans une proposition de loi que deux députés LREM, Guillaume Gouffier-Cha et Bérangère Couillard, comptent déposer dès janvier.
"Claquer la porte et se sauver"
Il s'agira notamment de faciliter la suspension ou la déchéance de l'autorité parentale du père agresseur en cas d'homicide conjugal, et de renforcer les peines encourues en cas de suicide forcé, ont précisé les deux élus au Journal du Dimanche. Mais également d'assouplir le secret médical pour permettre aux professionnels de santé de signaler plus facilement des faits de violences, et de faciliter la saisie des armes détenues par un homme violent.
Une dizaine de mesures avaient été annoncées dès l'ouverture du Grenelle, le 3 septembre, dont la création de 1.000 nouvelles places d'hébergement et de logement d'urgence pour les femmes victimes ou la généralisation du dépôt de plainte à l'hôpital. Figuraient également dans cette première liste l'identification de "procureurs référents spécialisés" dans tous les tribunaux, et la création d'une "grille d'évaluation" devant permettre aux forces de l'ordre de mieux estimer le danger encouru par les femmes qui se présentent au commissariat ou à la gendarmerie.
Les députés ont par ailleurs adopté mi-octobre une proposition de loi visant à mettre en place, dès début 2020, le bracelet anti-rapprochement, qui permet de maintenir à distance les conjoints et ex-conjoints violents.
De son côté, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a souligné dimanche qu'elle était favorable à ce que les victimes de violences conjugales puissent débloquer leur épargne salariale "en urgence", afin d'être financièrement plus autonomes lorsqu'elles veulent "claquer la porte et se sauver".
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