Alors que le dépouillement était toujours en cours lundi matin, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a rappelé que Hong Kong faisait partie de la Chine quel que soit le résultat des élections locales.
"Toute tentative visant à semer la pagaille à Hong Kong ou à entamer sa prospérité et sa stabilité est vouée à l'échec", a-t-il averti depuis Tokyo.
Des résultats partiels laissaient présager que les candidats en faveur d'une ouverture démocratique étaient partis pour s'emparer d'une large majorité au sein des 18 conseils de district, jusque-là dominés par des élus favorables à l'exécutif aligné sur Pékin.
Ce résultat sonne comme un camouflet pour Pékin et anéantit tout espoir pour Carrie Lam de rallier l'opinion derrière elle. La cheffe de l'exécutif local espérait que le recours de plus en plus fréquent à la violence des manifestants pro-démocratie radicaux conduirait une majorité silencieuse à la soutenir.
Les partisans d'un changement politique entendent mettre à profit cette victoire pour montrer que, désormais, la population hongkongaise souhaite que le gouvernement local tienne compte de son point de vue sur la gestion du territoire semi-autonome.
"Quelle que soit la force de Carrie Lam, j'espère qu'elle pourra répondre aux souhaits du peuple, répondre aux cinq demandes (et) donner une chance aux jeunes", a déclaré à la presse le militant Jimmy Sham après avoir remporté un siège dans un conseil de district.
"Un profond rejet"
Parmi les cinq revendications du mouvement de contestation figurent notamment l'avènement du suffrage universel dans la mégapole de 7,5 millions d'habitants, et une enquête sur ce qu'ils présentent comme des violences policières.
Mme Lam les a jusqu'à présent rejetées, les qualifiant notamment de "voeux pieux".
La mobilisation avait débuté en juin contre un projet de loi autorisant l'extradition vers la Chine continentale des ressortissants hongkongais. Le texte a été abandonné en septembre mais depuis, les revendications se sont élargies.
L'élection des 452 conseillers de district, qui gèrent des questions comme les ordures ménagères ou les itinéraires des lignes de bus, suscite d'ordinaire peu d'intérêt.
Dimanche, ce scrutin a pris une toute autre signification en raison du mouvement de contestation de la population.
Le résultat a été "rien moins qu'une révolution", a déclaré à l'AFP Willy Lam, analyste de la politique de Hong Kong. "C'est un profond rejet de l'administration (de Hong Kong) et de la politique de Pékin envers Hong Kong".
Selon lui, ces résultats pourraient accélérer le départ de la cheffe de l'exécutif mais également aggraver la crise. "Les manifestants considèreront cette incroyable victoire comme un mandat accordé par le peuple, donc ils se battront encore plus fort. Mais en même temps, il n'y aura aucune concession de la part de Pékin, donc la frustration va croître".
Lundi, les médias d'Etat chinois, qui avaient appelé les Hongkongais à voter contre la violence, ont minimisé ces résultats.
Plus de la moitié
"Le taux de participation record a envoyé un message" qui est que "quelque soit la violence des émeutiers, les habitants ordinaires sont soucieux de leur bien-être", pouvait-on lire dans l'éditorial du China Daily.
Selon des résultats partiels, portant sur un peu plus de la moitié des 452 conseillers de district, 201 candidats pro-démocratie avaient remporté un siège, contre 28 candidats pro-Pékin et 12 indépendants.
Lors des élections en 2015, un peu plus de 100 candidats seulement du camp pro-démocratie avaient été élus.
La participation a dépassé les 71% des 4,13 électeurs inscrits, a annoncé la Commission électorale, un taux record bien supérieur aux 47% du précédent scrutin, en 2015.
Le plus grand parti politique pro-Pékin a subi un sérieux revers, avec au moins 155 de ses 182 candidats battus, selon les médias. Parmi eux, le député Junius Ho, particulièrement détesté par les militants pro-démocratie, avait été blessé début novembre par une attaque au couteau alors qu'il menait sa campagne électorale.
L'élection des conseillers de districts obéit au mode de scrutin qui, à Hong Kong, se rapproche le plus de la représentation directe.
Cette élection n'a pas qu'une valeur symbolique car six sièges du Conseil législatif ("LegCo", le Parlement hongkongais), qui sera renouvelé l'an prochain, se joueront entre des candidats provenant des conseils de district. Et ces conseils enverront en outre 117 de leurs membres au collège électoral de 1.200 personnes, contrôlé par Pékin, chargé de désigner le chef de l'exécutif.
Le gouvernement n'avait cessé de faire planer ces dernières semaines la menace d'un report du scrutin si les violences de rue persistaient, mais Hong Kong a connu ces derniers jours un répit dans les manifestations, à l'appel des contestataires qui tenaient à ce qu'il ait lieu normalement.
A LIRE AUSSI.
Elections locales à Hong Kong: les pro-démocratie veulent défier le pouvoir
Hong Kong : les manifestants maintiennent la pression, la mobilisation se poursuit
Hong Kong: chaos au Parlement, Carrie Lam renonce à un discours
"Nous sommes encore là": des milliers de militants pro-démocratie toujours mobilisés à Hong Kong
Hong Kong: les manifestants défient la police qui réplique avec des gaz lacrymogènes
- attaque au couteau
- bien-être
- campagne électorale
- carrie lam
- cheffe de l'exécutif
- china
- chine
- chine continentale
- collège Électoral
- concession de la part
- élections locales
- Hong Kong
- lignes de bus
- majorités silencieuses
- militants pro-démocratie
- mode de scrutin
- mouvements de contestations
- Ordures ménagères
- participation record
- partie de la chine
- partis politiques
- Pékin
- projet de loi
- suffrage universel
- taux record
- tokyo
- violences policières
- wang yi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.