L'organisation de nouveaux scrutins est cruciale dans le processus de pacification de la Bolivie, pays riche en ressources naturelles, où des violences ont coûté la vie à au moins 32 personnes depuis le 20 octobre, lorsque s'était tenu le premier tour d'une présidentielle controversée que M. Morales, icône de la gauche latino-américaine au pouvoir depuis 2006, disait avoir remportée.
"Nous avons reçu un mandat pour organiser des élections propres, justes et transparentes. Nous vous garantissons que nous allons y arriver", a déclaré Mme Añez après avoir signé la loi au palais du gouvernement à La Paz.
"Nous allons récupérer la démocratie par la démocratie", a ajouté la présidente par intérim, qui a aussi ouvert un "dialogue" samedi pour pacifier le pays.
Le texte annule le scrutin du 20 octobre et interdit à toute personne ayant exercé deux mandats électifs de suite de se présenter à un troisième, fermant ainsi la porte à une nouvelle candidature d'Evo Morales qui a déjà exercé trois mandats.
Jeanine Añez, qui a provisoirement pris les rênes du pays le 12 novembre, n'a pas dit si elle comptait se présenter à l'un des scrutins.
Le document avait été approuvé samedi par les deux chambres du Parlement, où le MAS (Mouvement vers le socialisme), le parti d'Evo Morales, détient la majorité. Le vote du parti de gauche met en évidence les profondes divisions quant à son attitude vis-à-vis de l'ancien président.
La prochaine étape est la désignation des sept membres du Tribunal suprême électoral (TSE) par le Parlement. Après la controversée présidentielle du 20 octobre, des membres du TSE avaient été arrêtés en raison des "irrégularités" constatées pendant le scrutin.
L'autorité électorale renouvelée aura pour tâche de convoquer les élections. Elle devra fixer une date pour les scrutins dans un délai de 120 jours à partir du moment où elle aura lancé cette convocation.
Pénuries à La Paz
Evo Morales s'était proclamé vainqueur du scrutin du 20 octobre, mais l'opposition avait crié à la fraude. Après plusieurs semaines de manifestations et son lâchage par l'armée, le président avait annoncé sa démission le 10 novembre. Depuis, ses partisans manifestent quasi quotidiennement à La Paz et d'autres villes pour exiger le départ de Jeanine Añez.
Depuis son exil mexicain, Evo Morales n'avait pas réagi dimanche à la promulgation de la loi d'élections par Jeanine Añez, qu'il accuse d'avoir installé une "dictature" en Bolivie.
"Nous voulons de nouvelles élections. Pourquoi? Pour que tout se déroule de manière transparente", a réagi Marlene Rodriguez, vendeuse de sacs à main à La Paz.
Ces nouvelles élections doivent refermer les 14 années de présidence d'Evo Morales qui, aux côtés de Luiz Inacio Lula da Silva au Brésil ou Rafael Correa en Equateur, faisait figure d'icône de la gauche latino-américaine à la fin des années 2000.
L'ex-président amérindien, président de la confédération des syndicats de "cocaleros" (cultivateurs de coca) de Cochabamba (centre), avait accédé au pouvoir en 2006. Réélu en 2009 et 2014, il briguait un quatrième mandat le 20 octobre.
Le gouvernement provisoire l'accuse d'attiser le conflit depuis le Mexique et a déposé plainte contre lui pour "sédition et terrorisme", affirmant qu'il a appelé ses partisans à "encercler" les villes pour accentuer les blocages. Le parquet a ouvert une enquête.
En réponse, les sénateurs du MAS ont présenté samedi un projet de loi visant à exonérer Evo Morales de poursuites judiciaires, mais Jeanine Añez a aussitôt averti qu'elle refuserait de promulguer un texte qui accorde une "amnistie" à ceux qui ont "commis des crimes, se sont moqué de la loi et ont commis des abus".
Les manifestations de l'opposition d'abord, puis celles des partisans d'Evo Morales, ont été émaillées de violences et de heurts avec les forces de l'ordre qui ont coûté la vie à au moins 32 personnes.
Les manifestants ont aussi bloqué les routes qui relient la capitale bolivienne aux régions agricoles du centre du pays, entraînant des pénuries d'aliments dans les marchés et les restaurants de La Paz.
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