Dans son garage, flottent sa réserve de bois pour l'hiver, son congélateur et sa cave à vins. L'eau, au rez-de-chaussée, est montée à plus d'un mètre samedi contre 2,30 mètres lors des inondations meurtrières de 2010 provoquées par la crue de la rivière Nartuby.
Ce week-end, Christine a été contrainte de quitter sa maison natale et d'aller se réfugier chez son beau-frère, Philippe Nivet.
"A un moment donné, quand ça se répète de plus en plus, vous avez le stress et vous vous dites +on va aller vivre plus loin+", confie-t-elle dimanche.
La crue de la Nartuby, samedi, a cette fois encore été très soudaine. "En 2010, c'était carrément une vague qui avait tout submergé. Hier, c'était moins fort mais en une heure, tout était inondé", explique le beau-frère de Christine.
Un peu plus loin, alors que la pluie qui tombait sans discontinuer depuis trois jours commence enfin à faiblir dans cette commune de 9.000 habitants, un cordon de police bloque une route en raison d'une intervention des pompiers.
Dimanche, les secours ont découvert un corps au Muy, à proximité du lieu où une embarcation s'était renversée la veille au soir avec trois pompiers à bord et les trois personnes qu'ils venaient de secourir. Une de ces dernières n'avait plus réapparu depuis.
"On ramasse toute l'eau"
La rivière Nartuby, comme le fleuve Argens dans lequel elle se jette, a débordé à la suite d'un épisode méditerranéen qui a conjugué forts cumuls de précipitations - il est tombé l'équivalent de deux à trois mois de pluie en 24 à 48 heures dans certaines zones -, à une mer Méditerranée démontée.
"C'est la faute au vent d'est qui soufflait hier", estime Elio Cristofoli, un habitant de Roquebrune-sur-Argens, un village proche du Muy inaccessible par la route à la suite de la crue de l'Argens.
Selon lui, ce vent "a fait bouchon". "Du coup, quand il pleut comme ça, l'Argens ne peut plus rentrer dans la mer et comme on n'a pas assez de dénivelé par rapport à la Méditerranée, obligatoirement on ramasse toute l'eau", constate ce retraité de 60 ans. Située sur un promontoire, sa maison a été épargnée mais nombre de ses voisins immédiats ont été inondés.
A Roquebrune, alors que les hélicoptères des services de secours continuaient ce dimanche leurs reconnaissances, les quelque 13.000 habitants guettent la décrue.
"Mais c'est lent", se désole Martine Véry, 65 ans, qui attend après une nuit blanche le retour de son mari et de son petit-fils, bloqués dans la soirée à Saint-Raphaël à cause des routes inondées.
"Comme il avait déjà beaucoup plu la semaine dernière et celle d'avant, les sols complètement détrempés n'absorbent plus rien", souligne-t-elle en montrant la vidéo faite avec son smartphone d'un hélitreuillage effectué la veille chez l'un de ses voisins.
Quelque 180 sauvetages par hélicoptères ont été réalisés dans la nuit de samedi à dimanche, selon la Sécurité civile.
"On s'en sort un peu moins bien qu'en 2010 mais un peu mieux qu'en 2011", se console Elio Cristofoli, lassé lui aussi par ces phénomènes météo extrêmes que tous, ici, jugent de plus en plus récurrents.
Mais il avoue ne pas avoir de réponse quant aux solutions que les pouvoirs publics pourraient apporter pour canaliser les cours d'eau varois.
En juin 2010, le Var, et notamment Roquebrune-sur-Argens et Le Muy, avait été touché par des inondations qui avaient fait plus de 20 morts. Des crues avaient également frappé ces zones en 2011 et en 2014.
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