A un peu plus de trois mois des élections municipales, le baron de la droite marseillaise, qui ne se représentera pas, va devoir jouer en défense, sur les aspects les plus contestés d'un bilan assombri par la mort de huit habitants dans l'effondrement de deux immeubles insalubres le 5 novembre 2018.
Le rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC), que l'AFP a pu consulter, étrille sa gestion de la ville: écoles délabrées, finances publiques dégradées, gestion parfois illégale du personnel ou politique immobilière erratique.
Le maire et sa majorité n'ont pourtant aucune intention de faire de mea culpa et comptent mener la contre-attaque avec pour cible les magistrats financiers: "Nous serons, le maire en premier, particulièrement offensifs et nous avons hâte de juger le juge", a déclaré jeudi à la presse le chef de file des Républicains à la mairie, Yves Moraine.
Il y a dans ce rapport "de très lourdes erreurs, une pauvreté d'analyse rare et des manquements déontologiques sur lesquels nous allons demander des explications aux magistrats", a insisté l'élu, avocat de formation. "J'espère qu'ils vont se lever tôt et avoir les oreilles grandes ouvertes. Même si elles sont à demi-fermées, ils vont nous entendre : on va parler fort !".
Sur le fond, la majorité reproche par exemple à la CRC des critiques qui seraient infondées sur l'état de délabrement des écoles - un dossier sur lequel l'Etat a dû prendre la main en 2016. "De ma vie, je n'ai jamais vu des magistrats étayer une argumentation sur des articles de presse. Ce n'est plus la CRC, c'est le +CDC+, le café du commerce", a ironisé M. Moraine, évoquant un passage du rapport dans lequel la chambre étaie effectivement ses critique en citant un journal.
"Il va castagner"
A l'inverse, l'opposition devrait trouver du carburant électoral dans les centaines de pages rédigées par les magistrats, dans une ville "qui a 40 ans de retard", selon le chef de file des socialistes Benoît Payan: Marseille est "bombardée par la Chambre régionale des comptes (dans ce) rapport salé, assaisonné et violent", fruit d'un travail "sérieux et abondant".
Le rapport évoque des dossiers en cours d'instruction par la justice, comme les dépenses de personnel, et des décisions très contestées de la mairie, parmi lesquelles "des marchés passés en méconnaissance totale des règles de la commande publique", mais lève également de nouveaux lièvres, notamment sur des "scandales immobiliers", relève-t-il.
Quant à Jean-Claude Gaudin, 80 ans, ce conseil municipal, l'un de ses tout derniers, ne marque pas l'heure de "l'au revoir", prédit l'élu socialiste. Au contraire, "il va castagner".
Les débats, où le temps de parole ne sera pour une fois pas limité, offriront une tribune aux prétendants à la mairie.
Ce sera par procuration pour des candidats comme l'écologiste Sébastien Barles ou le député LREM Saïd Ahamada, qui ne siègent pas au conseil, ou directement pour le sénateur et élu municipal RN Stéphane Ravier, qui explique à l'AFP vouloir prendre la parole pour "un grand moment de vérité après tant d'années de mensonges".
L'exercice s'annonce bien plus délicat pour deux autres candidats, qui se disputent l'investiture des Républicains: la présidente de la métropole Martine Vassal et le sénateur Bruno Gilles. Tous deux membres de la majorité municipale depuis plus de 15 ans, ils se retrouvent en position d'équilibristes, cherchant à se démarquer de l'héritage de Jean-Claude Gaudin, sans se fâcher irrémédiablement avec le patriarche de la droite locale.
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