La balle est désormais dans le camp du comité exécutif de l'AMA qui doit se réunir le 9 décembre à Paris, afin d'évaluer la procédure en cours et de prendre d'éventuelles sanctions. Des sanctions pouvant aller jusqu'à l'exclusion des JO auxquelles devra alors se conformer la Comité international olympique (CIO).
Le Comité de révision de la conformité (CRC) a émis cette recommandation à la suite d'"incohérences" constatées dans les données récupérées par les enquêteurs de l'AMA auprès du laboratoire de Moscou, au coeur d'un système de dopage entre 2011 et 2015.
En janvier 2019, la Russie avait transmis des données électroniques des contrôles à l'AMA, une condition que cette dernière avait posée pour lever la suspension de ce pays en septembre 2018.
L'AMA avait précédemment averti la Russie qu'elle ferait face aux "sanctions les plus sévères" si l'une de ces données transmises était falsifiée.
La recommandation du CRC se base sur les données du service Renseignements et enquêtes de l'Agence, basée à Montréal, qui avait annoncé fin octobre avoir reçu de nouvelles réponses des autorités russes "à une liste de questions techniques détaillées".
"Tout est conforme à la logique juridique, comme prévu", a déclaré le chef de l'agence russe (Rusada), Iouri Ganous.
"Rusada est jugée non conforme car la décision de conformité rendue en septembre 2018 était soumise à deux conditions. Elles ont été remplies formellement mais pas correctement", a ajouté Ganous, qui avait dénoncé la semaine dernière le rôle des autorités russes dans la falsification de données transmises à l'AMA.
Le patron de l'agence américaine antidopage (Usada) Travis Tygart, qui avait vivement critiqué la levée de la suspension de Rusada, a estimé auprès de l'AFP qu'"une suspension de moins de quatre ans pour cette violation grave, comportant des circonstances aggravantes après des années de déni et de tromperie, constituerait une injustice de plus vis-à-vis des athlètes propres".
L'USADA met la pression
Pour ne rien arranger au cas de la Russie, la Fédération internationale d'athlétisme avait suspendu quelques heures plus tôt le processus de réadmission du pays, banni depuis novembre 2015 en raison de ce scandale de dopage institutionnel.
World Athletics (ex-IAAF) a choisi la manière forte et a eu la main lourde vis-à-vis de la Russie, qui voit s'éloigner encore un peu plus la perspective de réintégrer à court terme le concert des nations du premier sport olympique.
La Task Force, chargée de juger des progrès du pays dans la lutte antidopage et de faire des recommandations au Conseil de la Fédération internationale, n'a fait que prendre acte des dernières révélations concernant les pratiques douteuses ayant toujours cours dans le pays.
L'affaire Lysenko
Outre la question sensible des données du laboratoire de Moscou, cinq dirigeants de la Fédération russe (Rusaf), dont le président Dmitri Chliakhtine, sont impliqués dans une sombre affaire de fourniture de faux documents au vice-champion du monde (2017) du saut en hauteur Danil Lysenko pour l'aider à échapper à une sanction pour manquements à ses obligations de localisation pour des contrôles inopinés ("no shows").
La Rusaf et tous les accusés, suspendus provisoirement, ont jusqu'au 12 décembre pour fournir des réponses à l'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU, organe indépendant en charge de la lutte antidopage dans l'athlétisme).
Autre grosse conséquence de l'"affaire Lysenko": la Fédération internationale a demandé à la Task Force "de revoir le processus de désignation des athlètes autorisés à concourir sous bannière neutre et de faire des propositions au Conseil pour voir si ce mécanisme doit être poursuivi et sous quelles forme", a expliqué Rune Andersen, le patron de la Task Force.
La Fédération internationale a aussi brandi la menace d'une exclusion de la Russie selon les prochains développements des enquêtes en cours.
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