Il n'accueille plus de déchets faiblement et moyennement radioactifs depuis 25 ans, et pourtant, le Centre de stockage de la Manche, situé sur la commune de Digulleville, dans la Hague, est encore en action. Ouvert en 1969, il a accueilli son dernier colis en 1994, mais connaît toujours une phase de fermeture. Alors qu'une couverture multicouche, recouverte de gazon a été aménagée de 1991 à 1996, elle sera définitivement adoptée seulement d'ici 15 à 20 ans. "Après 20 ans de mise en place, la membrane évolue bien", se félicite Florence Espiet, la directrice du Centre de stockage de la Manche (CSM).
Quel impact sur l'environnement ?
Mais est-elle étanche à 100 % ? En septembre dernier, des associations comme l'ACRO, le Crilan, Greenpeace et le Crepan dénonçaient la présence de tritium dans les ruisseaux à proximité du centre de stockage, notamment dans celui du Grand Bel. En 2018, l'ANDRA (Agence nationale pour la nestion des déchets radioactifs) rapporte une valeur moyenne de 264 Bq/L dans le ruisseau à partir d'analyses faites chaque semaine à un point donné, alors que le seuil d'alerte fixé par l'OMS est de 100 Bq/L.
"La tendance est à la baisse", rassure la directrice qui ajoute que "la quantité de tritium dans les eaux alentour est bien inférieure au seuil de potabilité fixé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) de 10 000 Bq/L." Un seuil expliqué par un accident datant de 1976, où des colis chimiques avaient fuité, et où l'ouvrage a donc dû être complètement repris.
Pour éviter tout incident à venir, l'ANDRA effectue 2 100 prélèvements et 10 000 analyses par an depuis les années 2000, sur autant d'éléments que les eaux souterraines, les ruisseaux, l'air, la poussière… Avec une couverture de deux à huit mètres d'épaisseur, et une surveillance quotidienne, la directrice défend qu'"il n'y a pas d'impact sur la population ni sur l'environnement".
L'ANDRA devra surveiller ces déchets pendant environ 300 ans. Une période nécessaire avant que les déchets de vie courte (présents à 90 %) stockés dans le Haut-Marais, bordés par des champs de maïs, aient un impact radioactif négligeable. - Marthe Rousseau
Alerter les générations futures
Les 527 225 m³ de colis recouverts proviennent d'EDF, d'Orano, du secteur de la Recherche ou du Médical. Il s'agit souvent de vêtements et d'outils qui ont servi à l'exploitation chimique. L'ANDRA devra surveiller ces déchets pendant environ 300 ans. Une période nécessaire avant que les déchets de vie courte (présents à 90 %) stockés dans le Haut-Marais, bordés par des champs de maïs, aient un impact radioactif négligeable. Sans compter les 10 % de déchets de vie longue, qui dépasse largement ce seuil. Alors, pour ne pas laisser les générations futures dans l'ignorance, l'ANDRA fait en sorte de les alerter à travers un travail de mémoire. Écoutez Florence Espiet, la directrice du CSM :
Florence Espiet
Même après ce délai de 300 ans dépassé, le site ne pourra pas être utilisé pour construire des habitations, à cause des risques pour la santé et l'environnement. Les ressources en eau ne seront toujours pas exploitables et il sera interdit de creuser à cause des déchets enterrés. Le site sera dédié exclusivement à l'accueil du public, soit la continuité de ce qui se fait aujourd'hui. Chaque année, plus de 2 000 visiteurs sont recensés sur le premier site de ce type en France.
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