Pour "la première fois de l'histoire d'Israël" selon les mots de la présidence, aucun candidat n'a été en mesure de former un gouvernement à l'issue du scrutin du 17 septembre dernier. Israël votait alors pour la deuxième fois, le Parlement s'étant auto-dissous après les élections d'avril, faute de majorité.
"Que se passe-t-il à présent? Personne ne sait vraiment car cela ne s'est jamais produit auparavant", résumait jeudi le grand quotidien Yediot Aharonoth.
La loi fondamentale d'Israël, l'équivalent de la Constitution, prévoit toutefois un guide de survie pour ces imbroglios politiques nommés "plotter", "sac de noeuds" en français, par les commentateurs.
Après avoir donné leur chance, chacun à son tour, aux chefs des deux principaux partis du pays, le Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu et Bleu-blanc de Benny Gantz, le président confiera jeudi à Yuli-Yoel Edelstein, président du Parlement, le soin de trouver une personnalité apte à diriger un futur gouvernement.
M. Edelstein reçoit ce mandat non pas à titre personnel, mais au nom du Parlement qui aura alors 21 jours, jusqu'au 11 décembre, pour présenter à M. Rivlin un document signé par au moins une majorité de 61 élus, s'engageant à soutenir un député pour le poste de Premier ministre.
Mais si aucun député ne parvient à rallier ce nombre de signatures, le Parlement sera alors dissous et Israël retournera aux urnes, pour la troisième fois en un an...
Ces élections pourraient toutefois ne pas dénouer la crise dans un pays qui semble profondément divisé.
Benjamin Netanyahu, plus pérenne des Premiers ministres de l'histoire d'Israël, est soutenu par un "bloc" de 54 élus formé avec ses alliés de l'ultra-droite et de partis juifs ultra-orthodoxes.
M. Gantz compte lui sur l'appui de formations de centre-gauche, mais aussi des députés arabes israéliens qui ne feraient toutefois pas partie du gouvernement.
Gantz ou Netanyahu
S'ils ne sont pas parvenus à former un gouvernement, MM. Netanyahu et Gantz peuvent encore se voir confier cette tâche par les députés, ce qui ouvre la voie à de nouvelles tractations.
"Netanyahu a privilégié ses intérêts personnels (...) et doit se rappeler que nous sommes encore en démocratie et que la majorité du peuple a voté pour une politique différente de la sienne", a déclaré mercredi soir Benny Gantz, après avoir échoué dans ses efforts pour former un gouvernement.
"Le peuple ne peut pas être otage d'une minorité extrémiste", a ajouté M. Gantz accusant M. Netanyahu d'avoir dressé un "mur" pour l'empêcher de diriger le pays.
Jeudi, M. Netanyahu a convié à nouveau M. Gantz à des négociations directes.
"Viens en personne, pour des négociations immédiates, toi et moi, sans conditions préalables. L'Etat est important pour nous deux ! Nous devons faire un dernier effort pour former ensemble un gouvernement d'union".
Le facteur Mandelblit
Mais un point-clé sépare les deux hommes : s'ils parviennent à une entente sur un gouvernement d'union nationale, chacun veut être le premier à gouverner dans le cadre d'une rotation.
Pourquoi ? Car M. Netanyahu, qui pourrait être inculpé dans différentes affaires, veut être en poste s'il doit affronter la justice. Et M. Gantz, lui, refuse de partager le pouvoir avec une personne qui risque d'être mise en examen.
Tous le yeux sont donc rivés sur le procureur général, Avichaï Mandelblit, qui doit décider ou non s'il inculpe Benjamin Netanyahu pour "malversation", "abus de confiance" et "corruption" dans une série d'affaires, dont l'une, "l'affaire Bezeq", est particulièrement sensible.
Dans ce dossier, M. Netanyahu est soupçonné d'avoir accordé des faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des millions de dollars au patron de la société de télécoms Bezeq, en échange d'une couverture médiatique favorable de la part d'un des médias du groupe, le site Walla.
Une mise en examen pourrait minimiser les chances de M. Netanyahu de rallier les appuis des députés. Mais une exonération pourrait convaincre des élus encore réticents à le rejoindre dans une coalition.
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