Cette audience a lieu dans une ambiance tendue quelques jours après le premier anniversaire du mouvement, émaillé une nouvelle fois par des affrontements entre des manifestants et les forces de l'ordre samedi dans certains quartiers de la capitale.
Notamment place d'Italie, théâtre de violences pendant plusieurs heures et où un "gilet jaune" a perdu l'usage d' œil, après avoir été blessé par un projectile probablement tiré par la police.
Depuis le début de cette fronde sociale, les "gilets jaunes" dénoncent les "violences policières", l'usage des grenades et des lanceurs de balles de défense (LBD) par les forces de l'ordre.
Des 212 enquêtes à Paris de l'IGPN, la police des polices, c'est la première à donner lieu à un procès. Mais un autre policier sera jugé avant la fin de l'année.
Ce brigadier, membre de la CRS 27 et basé à Toulouse, doit comparaître pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique n'ayant pas entraîné d'incapacité".
- "Aucune partie civile constituée" -
Sur une vidéo partagée plusieurs milliers de fois sur les réseaux sociaux, on le voit lancer un pavé en direction de manifestants le 1er mai. Les images ne montrent pas où a atterri le projectile et s'il a blessé quelqu'un.
Aucune partie civile n'a d'ailleurs été constituée, a confirmé l'avocat du policier, Me Laurent Boguet.
La scène se déroule en face de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, dans le XIIIe arrondissement de Paris, lors d'une journée d'action marquée par des heurts. Les faits ont eu lieu vers 17H30, selon Laurent Bortolussi, journaliste de l'agence indépendante Line Press, auteur de la vidéo.
"Nous ne devons pas faire l'impasse sur la colère à laquelle les policiers ont été confrontés pendant plusieurs heures ce jour-là", soutient le conseil du fonctionnaire, qui va plaider la relaxe et récuse tout dérapage.
Quelques minutes auparavant, le commandant de sa compagnie avait été gravement blessé au visage par un pavé jeté par un manifestant puis hospitalisé pour un traumatisme crânien.
"Le geste est condamnable administrativement mais judiciairement j'ai un doute", explique à l'AFP une source policière. "Le procès va permettre de déterminer, ou pas, la culpabilité, sachant qu'il n'y a pas d'identification de victimes", a-t-elle ajouté.
Après les faits, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), dont l'impartialité est régulièrement mise en cause par les "gilets jaunes", avait été saisie par le parquet de Paris.
En tout, ce sont au moins 212 enquêtes qui ont été ainsi confiées à la "police des polices" à Paris, selon le parquet, dont certaines ont abouti à des classements sans suite dénoncées avec force par les blessés ou leurs familles.
Dans près de 70% des cas, les investigations ont été achevées et les conclusions transmises au parquet de Paris pour qu'il décide des suites de la procédure.
Les cas les plus graves ont donné lieu à des informations judiciaires confiées à des juges d'instruction.
Au total, 372 procédures ont été enregistrées en France après des plaintes contre des forces de l'ordre, selon un décompte du ministère de la Justice transmis à l'AFP.
Parmi elles, 109 ont été classées sans suite et 29 ont fait l'objet de l'ouverture d'une information judiciaire. Les autres procédures sont encore en cours de traitement, précise la Chancellerie.
Selon le décompte du journaliste indépendant David Dufresne établi avant la journée d'action de samedi dernier, 24 personnes ont été éborgnées depuis le début du mouvement.
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