L'Université polytechnique de Hong Kong (PolyU), sur la péninsule de Kowloon, est depuis dimanche le théâtre de la plus longue et violente confrontation entre manifestants et forces de l'ordre depuis le début de la mobilisation en juin dans l'ex-colonie britannique.
Les protestataires ont jusqu'ici accueilli les tentatives de les déloger par des jets de cocktails Molotov et de briques. La police a averti qu'elle ferait usage de balles réelles si elle était attaquée avec des armes létales, alors qu'un policier a été blessé par une flèche.
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a appelé les autorités à trouver "une solution pacifique" au siège du campus.
Le Sénat américain a adopté de son côté un texte soutenant les "droits de l'Homme et la démocratie" à Hong Kong face à Pékin et menaçant de suspendre le statut économique spécial accordé par Washington au territoire semi-autonome. En réaction, Pékin a convoqué mercredi le chargé d'affaires de l'ambassade des Etats-Unis.
"Je ne me rendrai pas"
Mercredi, des manifestants à l'intérieur de la PolyU ont estimé leur nombre à une cinquantaine, alors que leurs conditions de vie dans le campus se détériorent.
Des groupes de jeunes manifestants vêtus de noir continuaient de préparer des cocktails Molotov, tandis que d'autres dormaient sur des tapis de yoga étalés dans un gymnase.
Mardi, la cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam avait appelé les reclus de la PolyU à se rendre, en précisant que les mineurs sortant pacifiquement ne seraient pas arrêtés. Les majeurs risquent quant à eux des poursuites pour "participation à une émeute", une infraction passible de dix ans de prison.
"Je ne me rendrai pas. Oui, je me battrai jusqu'au bout", a déclaré un jeune de 15 ans armé d'un arc. "Mais c'est très dangereux, car si vous utilisez l'arc, la police doit vous tirer dessus, peut-être avec des balles réelles."
D'autres ont été évacués sur des civières dans la nuit et, mercredi avant l'aube, une dizaine de protestataires qui tentaient une évasion ont été arrêtés par la police, selon des journalistes de l'AFP sur place.
"La police invite tous ceux qui sont sur le campus à sortir de façon pacifique et s'engage à ce que leur traitement judiciaire soit équitable", a indiqué la police dans un communiqué.
Ecoles rouvertes
Pour desserrer l'étau policier autour du campus, de nombreuses actions ont été menées pour bloquer à l'heure de pointe le métro hongkongais, crucial pour la circulation dans le centre financier qu'est Hong Kong.
Des manifestants ont bloqué les portes des rames, entraînant d'importants retards et la formation de longues files d'attente dans les stations.
Les employés devant se rendre au travail devaient prendre leur mal en patience, leur trajet jusqu'à leur bureau mettant parfois le double de la durée habituelle.
Des appels ont aussi été lancés sur les réseaux sociaux pour inciter les employés à descendre manifester pendant leur pause déjeuner, comme beaucoup l'avaient fait la semaine dernière, notamment dans le quartier financier de Central, sur l'île de Hong Kong.
Le mouvement de contestation a débuté en juin à la suite du rejet d'un projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale.
Celui-ci a depuis été suspendu, mais les manifestants ont élargi leurs revendications. Ils exigent le suffrage universel complet pour les élections hongkongaises, ainsi qu'une enquête indépendante sur les violences policières.
La contestation a basculé la semaine dernière dans une phase nouvelle, beaucoup plus violente, avec une stratégie baptisée "Eclore partout" ("Blossom Everywhere"), qui consiste à multiplier les actions simultanées pour éprouver au maximum la police.
Alors que les écoles du territoire étaient fermées depuis une semaine, les établissements primaires et secondaires ont rouvert mercredi. Mais les crèches demeuraient fermées.
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