"Nous donnerons très vite des nouvelles sur notre mandat principal: la convocation d'élections transparentes", a déclaré Mme Añez dans un discours au siège du gouvernement à La Paz.
Elle n'a pas fourni d'autres précisions, mais dit que l'annonce à venir chercherait "à récupérer la crédibilité démocratique de notre pays".
Jeanine Añez, une parlementaire de droite de 52 ans, a accédé à la présidence mardi, en tant que deuxième vice-présidente du Sénat, alors que les occupants des fonctions supérieures à la sienne prévues pour remplacer le président avaient démissionné de leur mandat.
Evo Morales, qui était le chef de l'Etat depuis 2006, avait démissionné le dimanche précédent, lâché par l'armée, et s'est ensuite exilé au Mexique. Le dirigeant socialiste affrontait des protestations de l'opposition, qui l'ont accusé d'avoir mis en place une fraude à l'élection du 20 octobre, où il s'est dit élu dès le premier tour.
Mme Añez a eu un entretien avec un représentant de l'Union européenne, Leon de la Torre, qui s'est dit optimiste en raison d'"avancées dans la table ronde" avec des partisans de M. Morales, sans préciser lesquels. Selon la Constitution, c'est le Congrès qui doit élire les sept membres du nouveau Tribunal suprême électoral (TSE).
Des parlementaires du côté du parti de M. Morales, le MAS, qui détient la majorité dans les deux chambres, ont proposé aux autres groupes politiques une réunion lundi afin de "pacifier ce pays", selon la députée MAS Betty Yañiquez.
Bilans différents
En attendant, les tensions restent vives. Depuis fin octobre et le début de la crise dans ce pays andin, au moins 23 personnes ont trouvé la mort dans des violences, selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH).
Le foyer le plus intense se concentre dans la région de Cochabamba (centre), fief d'Evo Morales. Vendredi, neuf cultivateurs de coca pro-Morales sont morts dans des heurts avec les forces de l'ordre à Sacaba, près de Cochabamba, selon un bilan fourni par la CIDH samedi.
Dans un tweet dimanche, M. Morales a exhorté le "gouvernement de facto" à identifier les "auteurs intellectuels et matériels des 24 morts en 5 jours par la répression policière et militaire", avançant donc un autre bilan. "Je dénonce devant la communauté internationale ces crimes contre l'humanité qui ne doivent pas rester impunis", a-t-il ajouté depuis son exil mexicain.
Le gouvernement de Mme Añez a avancé de son côté un bilan de 5 morts.
Dimanche, le nouveau chef de la police bolivienne, le colonel Rodolfo Montero, a affirmé que "quelques heurts" avaient encore lieu à Cochabamba, mais que leur "intensité" allait "en diminuant".
"Le nombre de foyers de conflit s'est réduit de moitié" par rapport au début de la semaine, a renchéri le ministre de l'Intérieur par intérim et ancien sénateur de droite Arturo Murillo.
Cet ex-sénateur de droite a également évoqué l'idée que les producteurs de coca s'affrontaient eux-mêmes afin d'augmenter le nombre de victimes, car au moins un mort "apparaît avec une balle dans la nuque".
Pénuries
Depuis mardi, les partisans de l'ex-président manifestent tous les jours, notamment à La Paz. Le blocage de la route qui relie la capitale administrative au centre et à l'est du pays, où se concentre la production agricole entraîne des pénuries.
Pour soulager La Paz, le gouvernement a envoyé 35 tonnes de viande par avion depuis le centre de la Bolivie. Et le chef de cabinet de la présidence, Jerjes Justiniano, a promis dimanche l'envoi de 25 tonnes de poulet dans les prochains jours.
Il y a un manque de carburant également avec le blocage de la raffinerie de Sanketa, près d'El Alto, qui fournit toute la région de La Paz en essence et en gaz.
Six syndicats de producteurs de coca de la région du Chapare, fief de M. Morales, ont exigé samedi soir la démission de Mme Añez "dans un délai de 48 heures".
Par ailleurs, les quatre membres de la brigade médicale cubaine détenus depuis mercredi à La Paz ont été relâchés dimanche et renvoyés à Cuba.
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