Depuis le début de la contestation, vendredi soir, plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées, selon des informations de la presse iranienne.
L'agence Isna faisait état d'un retour à la normale dans les villes touchées par les manifestations, mais la situation restait très difficile à évaluer dimanche soir à l'échelle du pays du fait du black-out.
En conseil des ministres, le président Hassan Rohani a déclaré que l'Etat, face à "l'émeute" ne devait "pas autoriser l'insécurité dans la société", selon un communiqué officiel publié dimanche soir.
La colère populaire a été provoquée par la forte hausse du prix de l'essence annoncée vendredi par le gouvernement.
Selon le communiqué de la présidence, M. Rohani a de nouveau justifié cette mesure en expliquant que l'Etat n'avait pas d'autre solution pour aider mieux les "familles à revenu moyen et bas qui souffrent de la situation économique créée par les sanctions" américaines visant l'Iran.
Violente récession
Le retrait unilatéral des Etats-Unis, en 2018, de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015, et le rétablissement dans la foulée de lourdes sanctions américaines contre l'Iran ont plongé l'économie iranienne dans une violente récession.
Le Fonds monétaire international (FMI) estime que le PIB de l'Iran devrait chuter de 9,5% cette année après un recul de 4,8% en 2018. L'inflation, entraînée par la chute du rial face aux grandes devises d'échange, atteint officiellement 40%.
Selon le plan annoncé par le gouvernement, le prix de l'essence, très subventionnée en Iran, doit augmenter de 50% à 15.000 rials (11 centimes d'euros) pour les 60 premiers litres achetés chaque mois, et de 300% au-delà.
Aux termes du plan présenté par les autorités, les recettes dégagées par cette réforme doivent bénéficier aux 60 millions d'Iraniens les moins favorisés (sur une population totale de 83 millions d'habitants).
Apportant son soutien à la décision gouvernementale, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a condamné dimanche matin les actes de violences commis par des protestataires et déploré que "certains [aient] perdu la vie" dans cette agitation.
Selon une source au sein du ministère de l'Information et des Télécommunications cité par Isna, les autorités ont drastiquement "limité" l'accès à internet depuis samedi soir "et pour les prochaines 24 heures".
Réaction de hooligan
Des journalistes de l'AFP ont pu constater dès samedi soir que leur internet mobile était totalement coupé, de même que diverses connexions internet fixes. Dimanche vers 20h00 (16h30 GMT), seul l'accès au web iranien était possible avec un téléphone mobile.
Samedi soir, L'ONG Netblocks qui surveille la liberté d'accès à internet avait relevé sur Twitter que les communications étaient presque entièrement interrompues dans le pays.
D'après les agences iraniennes, le mouvement de contestation a touché ving-cinq villes, dont Téhéran, Machhad (Nord-Est) et Ispahan (Centre), les trois premières agglomérations du pays.
Selon l'agence officielle Irna, un officier de police est mort de ses blessures dans la nuit de samedi à dimanche, après avoir été la cible de tirs lors de heurts avec des "émeutiers" armés en marge d'un rassemblement à Kermanshah (Ouest).
Samedi, Isna avait annoncé, sans en préciser la cause, qu'un civil avait été tué et que plusieurs personnes avaient été blessées à Sirjan (Sud), où des manifestants ont tenté de mettre le feu à des dépôts d'essence.
Quarante personnes ont par ailleurs été arrêtées à Yazd (centre), toujours selon Isna, qui n'a pas précisé la date de ces arrestations.
Certaines entités opposées au pouvoir "se réjouissent" des troubles, a déclaré le guide suprême, demandant "que personne n'aide ces criminels".
"Endommager et mettre le feu (à des biens) n'est pas (une réaction) de personne normale mais de hooligan", a aussi déclaré M. Khamenei.
Les manifestations interviennent à un moment délicat pour les autorités, à quelques mois d'élections législatives, prévues pour février.
Samedi à Téhéran, certains manifestants ont bloqué une route tandis que d'autres étaient rassemblés autour d'une voiture en flammes. Des scènes similaires se sont déroulées dans d'autres villes comme Chiraz et Ispahan (centre).
A Kermanshah, des "émeutiers" ont attaqué un commissariat de police dans lequel travaillait le policier tué, selon le chef des forces de l'ordre locales cité par Irna, Ali Akbar Javidan. Celui-ci a distingué les semeurs de troubles des manifestants "pacifiques", "dont les demandes seront certainement entendues".
Le porte-parole de la police, Ahmad Nourian, a prévenu que les forces de sécurité n'hésiteraient "pas à faire face à ceux qui perturbent la paix et la sécurité", identifieraient les meneurs et les forces sur le terrain et les "affronteraient".
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