Le pays vit depuis le 17 octobre au rythme d'un mouvement inédit contre une classe dirigeante quasi inchangée depuis des décennies, jugée corrompue et incapable de mettre fin au marasme économique.
Et les manifestants maintiennent plus que jamais la pression: un grand rassemblement est prévu en début d'après-midi dans le centre de la capitale sous le slogan "Dimanche des Martyrs".
A Tripoli, deuxième ville du pays et haut lieu de la contestation, une manifestation baptisée du même nom doit aussi avoir lieu.
L'intitulé de ces rassemblements est une référence directe aux deux manifestants tués depuis le début du mouvement.
Mardi dernier, un protestataire est tombé sous les balles d'un soldat au sud de Beyrouth. Celui-ci avait ouvert le feu alors qu'un véhicule militaire tentait de dégager une route bloquée par les manifestants.
Les photos et vidéos du corps sans vie de la victime -un père de trois enfants- gisant dans une mare de sang avaient envahi la toile et suscité l'effroi.
Le soir même de son inhumation, le nom de Mohamad Safadi, un richissime homme d'affaires de 75 ans et ancien ministre des Finances, avait fuité dans la presse comme prochain Premier ministre, au terme d'un accord entre les divers partis au pouvoir.
Cette démarche avait été qualifiée de "provocation" par les manifestants, et la colère de la rue a finalement poussé l'ex-ministre --qualifié par les protestataires de "corrompu"-- à renoncer.
Dans un communiqué publié samedi soir, M. Safadi a jugé difficile de former un gouvernement "harmonieux" dans les circonstances actuelles.
Le mouvement de contestation a entraîné la démission le 29 octobre du Premier ministre Saad Hariri et réclame depuis un gouvernement de technocrates indépendants des partis au pouvoir et l'organisation d'élections législatives anticipées.
Effondrement financier?
Selon la Constitution, le chef de l'Etat doit procéder à des consultations parlementaires contraignantes à l'issue desquelles il nomme le Premier ministre.
Mais Michel Aoun n'a toujours pas entrepris cette démarche, près de trois semaines après la démission de M. Hariri, au grand dam des manifestants.
Le retard mis dans la formation du nouveau cabinet aggrave une situation économique et financière déjà très fragile.
Vendredi soir, l'agence de notation internationale Standard and Poor's (S&P) a abaissé la note du pays de "B-" à "CCC", assortie d'une perspective négative. Celle-ci reflète un risque élevé de défaut de paiement.
Le Liban souffre d'un déficit public chronique, ayant atteint plus de 11% du PIB en 2018 et croule sous une dette de 86 milliards de dollars, soit 148% du PIB selon S&P.
Cette décision de S&P emboite le pas à l'abaissement par l'agence Moody's le 5 novembre de la note souveraine de "Caa1" à "Caa2", un niveau associé à une forte probabilité de rééchelonnement de la dette.
En un mois de contestation, les banques ont ouvert seulement une semaine en renforçant les mesures de contrôle sur les retraits, entraînant parfois des heurts avec les clients.
Lundi, elles seront toujours fermées en raison d'une grève annoncée par le syndicat des employés du secteur pour des motifs "sécuritaires".
Depuis août, le pays vit au rythme de craintes croissantes d'une dévaluation monétaire, exacerbées par une raréfaction du dollar sur le marché.
Au Liban, la livre est indexée sur le billet vert depuis 1997 au taux fixe de 1.507 livres pour un dollar.
La situation actuelle a provoqué un bond du taux de change sur le marché noir, à plus de 1.800 livres pour un dollar.
Samedi, l'ambassade américaine au Liban a elle affirmé, sur son compte Twitter, soutenir la contestation. "Nous soutenons le peuple libanais dans ses manifestations pacifiques et ses démonstrations d'unité nationale", a-t-elle écrit.
Ce même jour, un "bus de la révolution" a sillonné le pays, du nord au sud.
Cette initiative visait symboliquement, selon des manifestants, à briser les barrières géographiques et confessionnelles entre les Libanais et dépasser le traumatisme collectif de la guerre civile (1975-1990), déclenchée par le mitraillage d'un bus.
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