Dans un communiqué, M. Safadi, richissime homme d'affaires de 75 ans, a jugé difficile de former un gouvernement "harmonieux" dans les circonstances actuelles, disant espérer que le Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri, soit reconduit à son poste.
Les manifestants au Liban avaient accueilli vendredi avec consternation et colère des informations sur la possible désignation de M. Safadi comme prochain Premier ministre, le qualifiant de "corrompu" et membre de la classe politique dont ils réclament le départ depuis un mois.
Dans plusieurs villes du pays, y compris à Tripoli (nord), dont M. Safadi est originaire, ils ont crié leur refus d'une telle nomination.
Selon de hauts responsables et la presse locale, les principales forces politiques avaient convenu jeudi soir de désigner l'ex-ministre des Finances pour remplacer M. Hariri, qui a démissionné le 29 octobre sous la pression de la rue.
Aucune annonce officielle n'avait toutefois été faite par le président Michel Aoun, qui doit procéder, selon la Constitution, à des consultations parlementaires à l'issue desquelles il nomme le Premier ministre.
Les manifestants, qui conspuent sans exception les membres d'une classe dirigeante quasiment inchangée depuis 30 ans, réclament un cabinet formé exclusivement de technocrates totalement indépendants des partis au pouvoir en vue d'élections parlementaires anticipées.
Samedi, l'ambassade américaine au Liban a affirmé soutenir le mouvement de contestation qui se poursuit depuis le 17 octobre. "Nous soutenons le peuple libanais dans ses manifestations pacifiques et ses démonstrations d'unité nationale", a indiqué l'ambassade sur son compte Twitter.
Dimanche, des manifestations massives sont prévues dans plusieurs villes du pays pour maintenir la pression sur la classe dirigeante.
Une initiative baptisée le "bus de la révolution" a sillonné samedi le Liban du nord au sud.
Parti en matinée de la région du Akkar (nord), ce bus, décoré des noms des différents foyers de contestation du pays, est arrivé en début de soirée dans la ville de Saïda (sud).
Cette initiative visait symboliquement, selon des manifestants, à briser les barrières géographiques et confessionnelles entre les Libanais et dépasser le traumatisme collectif de la guerre civile (1975-1990), déclenchée par le mitraillage d'un bus, un acte devenu le symbole du conflit et des divisions intercommunautaires.
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