Marie Yovanovitch, une diplomate de carrière, a été rappelée en urgence en mai à Washington après avoir fait l'objet d'une campagne de dénigrement menée notamment par l'avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani.
A l'ouverture de l'audience, le démocrate Adam Schiff a loué une diplomate "exemplaire", "hautement respectée" qui "était un obstacle à la poursuite par le président d'objectifs personnels et politiques".
Mme Yovanovitch a juré n'avoir "aucun parti pris politique" et a souligné avoir servi les Etats-Unis pendant 33 ans avec leur intérêt comme seul objectif.
Elle devrait ensuite revenir sur les efforts menés pendant des mois par M. Giuliani pour convaincre l'Ukraine d'ouvrir des enquêtes utiles à la campagne de réélection de Donald Trump.
Les démocrates sont convaincus que Rudy Giuliani avait posé "les fondations" pour l'appel du 25 juillet, au cours duquel le président américain a demandé à son homologue ukrainien d'enquêter sur Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020.
La révélation de cet échange, suite à l'intervention d'un mystérieux lanceur d'alerte, a décidé l'opposition à ouvrir une enquête en destitution contre Donald Trump, accusé d'avoir abusé de ses pouvoirs à des fins personnelles.
Ce mécanisme, prévu par la Constitution, n'avait jusque là servi que contre trois présidents de l'Histoire des Etats-Unis sans qu'aucun ne soit destitué.
Compte-tenu de la majorité républicaine au Sénat, qui sera chargé de juger le président, le milliardaire new-yorkais devrait également conserver son poste. Mais sa probable mise en accusation (impeachment) à la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, jettera une ombre sur son bilan au moment de briguer un second mandat.
"Il va lui arriver des choses"
Après avoir mené une douzaine d'auditions à huis clos, les élus de la Chambre des représentants ont entamé mercredi des auditions publiques.
Deux hauts diplomates américains en charge de l'Ukraine ont raconté les pressions exercés sur Kiev pour la convaincre d'enquêter sur Joe Biden lors de cette audience suivie par près de 14 millions d'Américains, selon le cabinet de mesures d'audience Nielsen.
William Taylor, qui avait remplacé Mme Yovanovitch, a notamment déclaré avoir appris par l'entremise d'un autre ambassadeur, que le président Trump avait posé l'ouverture de cette enquête comme condition au déblocage d'une aide militaire destinée à l'Ukraine.
L'ambassadrice, 61 ans, avait quitté Kiev quand cette aide d'environ 400 millions de dollars, cruciale pour ce pays en guerre, avait été gelée. Elle ne devrait donc pas pouvoir en dire plus sur le sujet.
Mais elle devrait revenir sur les pressions exercées sur elle.
Lors de sa première audition à huis clos, elle avait décrit sa réaction quand elle avait découvert que Donald Trump l'avait critiquée dans son appel avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. "Il va lui arriver des choses", avait-il déclaré.
"Je ne savais pas ce que cela voulait dire. J'étais très inquiète. Je le suis encore", avait-elle alors déclaré.
"Vous êtes-vous sentie menacée?", lui avaient demandé les parlementaires. "Oui."
Les élus républicains pourraient eux tenter de la dépeindre comme animée par des motivations politiques favorables aux démocrates.
En début d'audience, Devin Nunes, qui s'exprimait en leur nom, a dépeint l'enquête comme une perte de temps, une "farce", un "show télévisé" inutile.
Au même moment, la Maison Blanche a publié un compte-rendu d'un autre appel, le 21 avril, entre MM. Trump et Zelensky qui venait de remporter son élection.
Sans mentionner les enquêtes ou la politique américaine, M. Trump se contente de féliciter M. Zelensky. "J'ai de nombreux amis en Ukraine qui vous connaissent et vous apprécient. J'ai beaucoup d'amis venant d'Ukraine et ils pensent, franchement, il s'attendaient à ce que vous gagniez. Et c'est vraiment incroyable ce que vous avez fait".
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