La décision de la cour d'appel de Rennes a été accueillie sous les vivats de son comité de soutien, venu en nombre devant le Parlement de Bretagne. "C'est une décision juste", s'est félicitée Me Catherine Glon, une des avocates de M. Vecchi. "Cette procédure, depuis le début était irrégulière, elle était aussi inexacte: les autorités italiennes avaient menti à l'État français en évoquant des décisions de justice qui n'existaient pas ou n'étaient plus exécutoires".
La cour a ainsi jugé "sans objet" le mandat d'arrêt européen portant sur une condamnation à quatre de prison pour des faits commis lors d'une manifestation contre l'extrême droite à Milan en 2006, Vincenzo Vecchi ayant purgé sa peine.
Sur l'autre mandat d'arrêt européen, pour des faits commis lors d'une manifestation contre le sommet du G8 de Gênes en 2001, la cour d'appel a constaté "l'irrégularité de la procédure d'exécution" de ce mandat et ordonné la "remise en liberté" du militant italien, a indiqué la magistrate à l'audience.
Vincenzo Vecchi devait sortir de prison dans la journée.
"Rien n'aurait été possible sans le comité de soutien. C'est eux qui peuvent se féliciter de cette belle décision", a commenté Me Maxime Tessier, autre avocat de M. Vecchi.
Vincenzo Vecchi avait été arrêté le 8 août à Rochefort-en-Terre (Morbihan), où il travaillait comme peintre en bâtiment depuis de nombreuses années. En 2009, il avait été condamné à douze ans et demi de prison par la cour d'appel de Gênes "pour complicité de vol avec violence, incendie volontaire, complicité de dévastation et pillage, dommage volontaire et usage d'armes prohibées dans un lieu public" lors du sommet du G8 à Gênes en 2001, selon le parquet général.
Il faisait partie des "dix de Gênes", dix militants condamnés, souvent à des peines très lourdes, pour les affrontements du G8. Membre de la sphère "anarcho-autonome milanaise", recherché depuis juillet 2012, M. Vecchi était le dernier des "Black blocs en cavale", selon la justice italienne.
"Paradis pour les fugitifs"
Les manifestations contre le sommet avaient été marquées par de nombreuses violences. Celles-ci avaient culminé avec la mort d'un jeune homme, Carlo Giuliani, tué par un carabinier italien.
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné l'Italie à trois reprises pour les actions policières menées en marge du sommet de Gênes en 2001, assimilant la violence "incontrôlée" des policiers à des "actes de torture".
L'écrivain Éric Vuillard, prix Goncourt 2017 et membre du comité de soutien de Vecchi, a salué "une victoire" qui "s'inscrit dans un paysage plutôt sinistre en Europe".
"Il y a une dégradation progressive des libertés publiques, une atteinte progressive aux droits fondamentaux et, finalement, on s'en accommode. Là au moins, voilà une décision positive", a-t-il détaillé. "La liberté, ce n'est pas qu'un mot, il y a toujours quelqu'un derrière la liberté. Le sort de cette personne irradie sur tous".
Anna Maria Bernini, cheffe du groupe Forza Italia au Sénat italien, a estimé sur Twitter que la France se confirmait "comme un paradis pour les fugitifs de la subversion en libérant Vincenzo Vecchi, #blackbloc qui doit purger une peine pour la dévastation du #G8 de #Genova".
Lors de l'audience fin octobre, l'avocat général avait estimé qu'il n'y "avait pas lieu de refuser la remise" aux autorités italiennes. M. Vecchi avait lui dénoncé une "politique de la traque et de la vengeance".
Selon ses avocats, la cour a jugé la procédure irrégulière car le procureur général français n'a pas avisé la justice italienne de l'avocat italien choisi par Vecchi en cas de remise aux autorités italiennes.
"C'est un atteinte irréparable aux droits de la défense", selon Me Tessier qui a aussi évoqué une "atteinte à la confiance réciproque" entre les justices italienne et française.
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