"Il y a beaucoup de turbulences au sein du parti, beaucoup d'angoisse", estime Matthew Dallek, professeur de sciences politiques à l'université George Washington.
Malgré près d'une vingtaine de candidats encore en lice, l'idée que les favoris à ce stade "ont tous des failles notables inquiète les responsables du parti".
D'autant que tous, électeurs et stratèges démocrates, partagent "une volonté écrasante: trouver quelqu'un qui puisse battre Trump" lors de la présidentielle de novembre 2020.
Les candidats se sont déjà fait connaître de millions d'électeurs en s'affrontant lors de quatre débats et ont sillonné des mois durant les premiers Etats qui voteront début 2020 pour la primaire démocrate. Et il reste moins de trois mois avant le premier scrutin dans l'Iowa, le 3 février.
Pourtant, la course semble encore grande ouverte avec cette semaine l'arrivée d'un nouveau candidat modéré, Deval Patrick, des signaux forts de la part de l'ex-maire de New York Michael Bloomberg et même Hillary Clinton, candidate malheureuse en 2016, déclarant être "sous une énorme pression" pour se représenter.
Il n'est pas inédit qu'une primaire --républicaine ou démocrate-- soit encore agitée à ce stade de la campagne, soulignent les experts, en rappelant notamment comment Donald Trump avait remporté l'investiture républicaine face à des candidats beaucoup plus établis.
Mais cette fois, "le vif désir au sein du parti de battre Trump semble plus élevé", que, par exemple, celui des démocrates désireux de gagner contre George W. Bush en 2004, souligne Robert Boatright, professeur à l'université Clark.
"Cela peut sembler très tard pour une candidature, mais il est aussi trop tôt pour que cela soit un signe de faiblesse" du parti, analyse Zachary Albert, professeur à l'université Brandeis.
Si les démocrates, "comme les républicains en 2016, ne parvenaient pas à se rassembler derrière un ou deux candidats à plus long terme, alors ce serait un signe de faiblesse".
Un "Biden plus jeune"
Après avoir affirmé il y a près d'un an qu'il ne se lancerait pas, l'ex-gouverneur du Massachusetts Deval Patrick, proche de Barack Obama, a lui fait jeudi son entrée tardive.
"Il est difficile de susciter de la passion du jour au lendemain", a réagi sur Twitter Andrew Yang, petit candidat qui s'est forgé un nom grâce à une idée forte --un revenu minimum universel-- et des mois passés sur le terrain. "Ca va être dur pour lui".
Né dans une famille pauvre de Chicago, Deval Patrick espère, à 63 ans, disputer à Joe Biden, 76 ans, la voie modérée.
Longtemps grand favori, l'ancien vice-président de Barack Obama reste en tête des sondages mais a perdu du souffle, après des gaffes, des doutes sur son âge et son association --involontaire-- à l'enquête explosive en destitution qui menace Donald Trump: c'est en demandant à l'Ukraine d'enquêter sur les Biden que le président républicain a été happé par le scandale.
Il est en outre menacé sur sa gauche par la forte ascension de la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, le sénateur indépendant Bernie Sanders, et, sur la voie modérée, plus loin derrière, par le jeune maire Pete Buttigieg, 37 ans.
Pour M. Boatright, Deval Patrick a estimé que "les donateurs fortunés (du parti démocrate)" étaient "mécontents des candidats et mécontents à l'idée de voir Warren ou Sanders décrocher l'investiture", car trop à gauche.
Peut-être que les stratèges du parti "cherchent un Biden plus jeune ou avec moins de casseroles, ou un Buttigieg plus expérimenté", ajoute M. Albert.
C'est aussi dans cette brèche au centre que pourrait chercher à s'infiltrer Michael Bloomberg.
S'il ne s'est pas officiellement lancé, et peut encore reculer, il s'est inscrit ces derniers jours sur les listes des primaires de deux Etats qui voteront en mars.
Pour M. Dallek, le pari est difficile mais M. Bloomberg espère probablement pouvoir apparaître "en sauveur". "Le candidat centriste qui peut vraiment mettre Trump en danger".
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