"Nous venons pacifier le pays", a déclaré jeudi matin le ministre de la Défense, Fernando Lopez Julio, au cours d'une cérémonie militaire, quelques heures après la nomination mercredi soir du gouvernement.
"Avant tout, nous allons devoir avoir la foi en Dieu", a-t-il aussitôt ajouté, mettant en évidence l'influence religieuse de la nouvelle équipe dirigeante.
C'est avec deux exemplaires de la Bible à la main et sous les "Gloire à Dieu!" que la sénatrice de droite Jeanine Añez, 52 ans, a pris mardi ses fonctions à la tête du pays, à la faveur d'une vacance de pouvoir provoquée par les démissions successives de M. Morales et de ses successeurs constitutionnels.
Pour la deuxième journée consécutive, La Paz tentait de retrouver jeudi des airs de normalité, les commerces rouvrant leurs portes et les bus et les cabines de téléphérique fonctionnant à nouveau.
Les cours restaient toutefois suspendus et les abords de la place Murillo, où se trouve le siège du gouvernement, gardés par un imposant dispositif des forces de l'ordre, a constaté l'AFP.
Mercredi, au premier jour de fonction de Mme Añez, des affrontements ont éclaté dans l'après-midi entre des manifestants partisans d'Evo Morales et les forces de l'ordre à La Paz et ailleurs dans le pays.
Portant des Whiapalas, le drapeau andin indigène multicolore qu'Evo Morales a introduit comme symbole national en 2009, et scandant "maintenait, oui, une guerre civile!", quelque 3.000 personnes favorables à Evo Morales étaient arrivées dans le centre-ville en provenance de la ville voisine d'El Alto.
Les incidents se sont prolongés jusque tard dans la soirée, à quelques pâtés de maisons du siège du gouvernement. Une vingtaine de personnes ont été arrêtées, selon les médias locaux, qui diffusaient les images d'une nouvelle manifestation en préparation à El Alto.
- Barricades levées -
Depuis Mexico, où il est arrivé mardi pour y bénéficier de l'asile politique, Evo Morales s'est dit prêt à rentrer en Bolivie pour "apaiser" la situation.
"Si mon peuple le demande, nous sommes disposés à retourner (en Bolivie) pour apaiser la situation", a déclaré M. Morales lors d'une conférence de presse mercredi à Mexico. "Nous reviendrons tôt ou tard", a-t-il assuré, appelant à un "dialogue national" afin de résoudre la crise qui agite son pays.
Une vague de protestation contre la réélection contestée de M. Morales pour un quatrième mandat lors du scrutin du 20 octobre a fait en trois semaines dix morts et quelque 400 blessés.
Au sud de la capitale administrative, les barricades qui bloquaient la route depuis trois semaines pour protester contre l'ancien chef de l'Etat, ont été levées.
La première décision de politique étrangère de Mme Añez a été de reconnaître jeudi le dirigeant de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido en tant que président du Venezuela, faisant volte-face par rapport à l'alliance entre Evo Morales et le président socialiste Nicolas Maduro.
Juan Guaido a été reconnu en tant que président par intérim du Venezuela par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis, qui jugent illégitime le pouvoir exercé par Nicolas Maduro.
De son côté, le président vénézuélien a qualifié de "coup d'Etat" les événements qui ont conduit à la démission d'Evo Morales.
Le Venezuela est confronté à une grave crise que Nicolas Maduro attribue aux sanctions imposées par les Etats-Unis, fervents soutiens de l'opposant Juan Guaido, pour faire pression sur lui et, in fine, l'évincer.
Mercredi soir, la Chambre des députés bolivienne a de nouveau siégé et élu son président, le socialiste Sergio Choque, membre du parti d'Evo Morales. Le Sénat en revanche n'a pas repris ses activités.
Après les Etats-Unis mercredi, qui ont reconnu Mme Añez comme présidente de la Bolivie, la Russie à reconnu de facto la nouvelle dirigeante, tout en continuant de dénoncer un "coup d'Etat" dans ce pays.
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