Celui qui était surnommé affectueusement "Poupou" est mort vers 2H00 dans la nuit de mardi à mercredi après avoir été hospitalisé début octobre au centre hospitalier de Saint-Léonard de Noblat, qu'il n'a pas quitté depuis, a annoncé son épouse. Raymond "était très fatigué depuis le dernier Tour de France", avait-elle expliqué peu après son hospitalisation.
Coureur au palmarès remarquable, à huit reprises sur le podium final du Tour de France entre 1962 et 1976 sans avoir porté une seule fois le maillot jaune, Raymond Poulidor était surtout un champion accessible et laborieux, méritant et malchanceux, des caractéristiques ayant forgé sa légende tout autant que ses succès au fil d'une carrière terminée à 40 ans passés. Un demi-siècle plus tard, toujours présent au village-départ des étapes du Tour, il continuait à signer des autographes à des admirateurs de tous âges.
"Ses exploits, son panache, son courage resteront gravés dans les mémoires. +Poupou+, à jamais maillot jaune dans le cœur des Français", a écrit sur Twitter le Président de la République Emmanuel Macron.
Pour Romain Bardet, dernier Français à s'être glissé parmi les trois premiers du Tour (2e en 2016, 3e en 2017), Poulidor était "un personnage vraiment emblématique, adoré du public. Il faisait le lien avec le cyclisme ancré dans les territoires. Je me souviens de lui sur le Tour mais aussi dans des courses de clochers, à côté des organisateurs. Il représente ce qu'est le vélo, un sport populaire et accessible".
Rival d'Anquetil
Né le 15 avril 1936 dans une famille modeste des Gouttes, hameau d'un petit village de la Creuse, Masbarraud-Mérignat, Poulidor s'est imposé sur le vélo comme le rival de Jacques Anquetil, sa parfaite antithèse, devenant une figure majeure du sport de la France gaulliste, pompidolienne et giscardienne.
Malgré ses échecs répétés sur le Tour, Poulidor deviendra rapidement "Poupou" pour le grand public, qui appréciait la sportivité et la simplicité du champion.
Son nom s'est également très vite transformé en une sorte de marque déposée, une étiquette accolée en France à ceux qui ne savaient pas gagner. Un qualificatif injuste pour celui qui a collectionné 189 succès durant sa carrière. Vainqueur de Milan-San Remo (1961), dès sa deuxième saison chez les "pros" sous la direction d'Antonin Magne, longtemps son mentor, il remporta aussi le Championnat de France sur route (1961), la Flèche Wallonne et le Grand Prix des Nations (1963), le Tour d'Espagne (1964), le Dauphiné (1966 et 1969), Paris-Nice (1972 et 1973).
En 1964, il enleva aussi le Super-Prestige Pernod, désignant le meilleur coureur de la saison. La même année, dans le Tour de France, il livra un duel homérique à Jacques Anquetil sur les pentes du Puy-de-Dôme. L'image des deux coureurs, épaule contre épaule dans cette montée vertigineuse, restera comme l'une des plus marquantes de sa longue carrière et symbolisera à jamais l'antagonisme sportif Poulidor-Anquetil.
"C'était un moment fantastique, personne ne voulait lâcher. Ca a marqué beaucoup de gens", a rappelé Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France, interrogé par l'AFP.
"Grande tristesse"
Le Limousin parvint finalement à distancer le Normand, mais insuffisamment pour endosser le maillot jaune. A Paris, il s'inclina finalement de 55 secondes.
Poulidor quittera définitivement la compétition à la fin de l'année 1977. Mais avant de tirer sa révérence, il fut le plus rude adversaire d'Eddy Merckx dans le Tour de France 1974 (2e), à 38 ans, avant de monter sur le podium du Championnat du monde à Montréal (2e), toujours derrière le Belge.
"C'est une grande tristesse. Pendant ma carrière on était adversaires, mais après je l'ai côtoyé souvent (...) j'ai passé des vacances avec lui, une semaine de neige à Combloux (dans les Alpes françaises, ndlr). C'est une grande perte, un grand ami qui s'en va", a déclaré Eddy Merckx à l'AFP.
Une fois à la retraite, Poulidor resta un personnage incontournable du Tour, cultivant également son incroyable popularité par des activités de consultant et, jusqu'à ces dernières années, des visites à travers la France pour s'occuper des vélos portant son nom.
A LIRE AUSSI.
Tour de France: le maillot jaune, une légende de cent ans
Tour de France: Froome puissance 4, "première" pour Groenewegen
Cyclisme: décès de l'ancien champion italien Felice Gimondi
Tour de France 2019: départ royal à Bruxelles
Cyclisme: décès de Roger Pingeon, vainqueur du Tour de France 67
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.