Frappes israéliennes contre roquettes palestiniennes: la spirale de la violence est de retour et les sirènes d'alerte retentissent encore mercredi dans plusieurs villes israéliennes aux alentours de Gaza, dont Ashkelon, après de nouveaux tirs de roquettes qui ont précipité dans la foulée des bombardements israéliens sur l'enclave.
Ces frappes israéliennes ont fait 12 morts mercredi, dont des membres des forces al-Qods, la branche armée du Jihad islamique. Cela porte à 22 le nombre de Palestiniens tués depuis mardi dans des opérations israéliennes contre le groupe armé, en incluant un commandant de l'organisation et son épouse, élément déclencheur de ce regain de tension.
Mardi, vers 04H00 du matin, l'armée et les services de renseignement intérieur (Shin Beth) israélien ont en effet mené une opération ciblée contre ce haut commandant du Jihad islamique, Baha Abou al-Ata, et son épouse Asma, dans leur appartement du nord-est de la bande de Gaza.
Le Jihad islamique, groupe armé présent à Gaza mais ne contrôlant pas l'enclave --celle-ci est aux mains du Hamas, un autre mouvement islamiste--, a lancé dans la foulée un barrage de roquettes sur Israël, sans faire de mort.
"Cessez vos attaques, ou vous prendrez encore plus de coups", a prévenu mercredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui tenait une rencontre de son "cabinet de sécurité".
"Nous sommes déterminés à combattre et à défendre notre pays, et s'ils pensent que ces salves de roquettes vont nous affaiblir ou nous faire perdre notre détermination, ils se trompent", a-t-il ajouté à l'endroit du Jihad islamique.
"Nous allons donner aux ennemis une leçon dont ils se souviendront", a rétorqué dans un communiqué le rassemblement des unités de la "résistance" à Gaza, dont le Jihad islamique est partie prenante.
Ecoles fermées
Depuis mardi, au moins 250 roquettes ont été tirées de Gaza vers Israël, selon le dernier bilan de l'armée israélienne, qui a dit avoir intercepté 90% de ces projectiles grâce à son système antimissile "Iron Dome".
Une roquette a endommagé une maison, une autre une usine, et une autre encore a frappé une autoroute, passant à quelques mètres de foudroyer des voitures en circulation.
Mardi, des écoles, collèges, universités et autres institutions publiques avaient été fermés jusqu'à Tel-Aviv, la métropole économique, située à environ 70 kilomètres de Gaza. Mercredi, tous les établissements publics le sont restés dans un rayon de 40 km autour de l'enclave palestinienne.
Les écoles étaient aussi fermées depuis mardi à Gaza, petite enclave où la population, soumise à un blocus depuis plus d'une décennie, vit au rythme de ces nouveaux bombardements.
Agé de 41 ans, père de cinq enfants, Baha Abou Al-Ata avait rejoint les rangs du Jihad islamique dans les années 1990 et était son commandant pour le nord de Gaza.
"Il était responsable de plusieurs attaques terroristes, de tirs de roquettes sur l'Etat d'Israël ces derniers mois et avait l'intention de perpétrer des attaques imminentes", a affirmé Benjamin Netanyahu.
Selon le chef de l'armée israélienne, Aviv Kochavi, Abou al-Ata "avait tenté par tous les moyens" de saboter une trêve entre Israël et le Hamas, en orchestrant notamment des tirs de roquettes vers Israël.
Jihad islamique et Hamas
Le Hamas et Israël se sont livré trois guerres dans l'enclave depuis 2008. Mais ce groupe, contrairement au Jihad islamique, avait approuvé une trêve négociée par l'entremise de l'ONU, de l'Egypte, pays frontalier de Gaza, et du Qatar, émirat du Golfe qui entretient à la fois des relations avec les groupes gazaouis et Israël.
Si l'armée israélienne tient le Hamas responsable de toutes les attaques depuis cette enclave, elle n'a officiellement visé pour l'instant que les positions du Jihad islamique, un élément clé qui n'a pas échappé à la presse locale.
"Pour la première fois dans l'ère récente, Israël a fait une distinction entre le Hamas et le Jihad islamique", a résumé mercredi l'influent commentateur politique Ben Caspit dans les pages du journal Maariv. "Israël dévie ainsi de son principe béton selon lequel le Hamas, en tant que pouvoir souverain à Gaza, doit payer le prix pour tout ce qui se passe à Gaza".
Pour tenter de freiner cette escalade de violence, l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, est attendu au Caire pour des discussions avec les Egyptiens, qui bénéficient d'une forte influence sur Gaza et de relations officielles avec Israël, a indiqué une source diplomatique à l'AFP.
"La situation reste très compliquée", a souligné cette source. Londres a dit soutenir "les efforts de l'ONU et des Egyptiens" en vue d'une "désescalade rapide".
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