L'usine Lubrizol de Rouen (Seine-Maritime), dont l'entrepôt de produits finis a brûlé jeudi 26 septembre 2019, sera condamnée si elle reste à l'arrêt trop longtemps, a estimé le président de Lubrizol France, Frédéric Henry, dans un entretien à L'Usine nouvelle publié mercredi 13 novembre 2019.
"Nos clients iront voir ailleurs"
"Nous ne pourrons pas rester à l'arrêt pendant six mois", car "ce serait pour nous synonyme d'arrêt pur et simple", a affirmé Frédéric Henry. "Si nous ne redémarrons pas, nos clients iront voir ailleurs. Si nous redémarrons alors que nos clients ont trouvé d'autres solutions, notre usine n'aura plus de raison de fonctionner."
L'usine est en outre "un gros contributeur fiscal" pour l'agglomération rouennaise, où elle emploie directement ou indirectement quelque 2 200 personnes, a remarqué le dirigeant. "Nous sommes ici depuis 65 ans et avons toujours été intégrés à la vie économique locale. (...) Si l'usine fermait, on ajouterait donc une catastrophe économique à un incident industriel important."
Un déménagement impossible
"Ce type d'usine ne se déménage pas", car il s'agit d'un vaste complexe "très capitalistique" où s'entremêlent des bacs, des tuyauteries et des pompes, a aussi remarqué Frédéric Henry. Il est d'ailleurs vain de penser qu'on pourrait se passer de l'industrie chimique, selon lui. "Quand (les gens) sont sur la table d'opération, c'est la chimie qui leur permet de ne pas souffrir. La chimie est partout dans leur quotidien", a-t-il lancé.
"En ce qui concerne notre métier d'additiveur, tous les moteurs, toutes les pièces mécaniques, comme les boîtes de vitesses, les engrenages, les machines hydrauliques, fonctionnent avec des lubrifiants contenant des additifs. Les additifs permettent d'espacer les vidanges et d'augmenter la durée de vie des moteurs. Sans additif, un moteur de voiture tourne 1 000 kilomètres puis il casse."
"Le marché va manquer de produit à un moment donné", explique Frédéric Henry.
Lubrizol France fournit la moitié des additifs fabriqués en Europe. "Le marché va manquer de produit à un moment donné", a-t-il ajouté, alors que Total lubrifiants a écrit à ses clients pour faire état de "force majeure" en raison de ses difficultés d'approvisionnement en additifs.
Quant aux 33 employés de l'usine qui sont intervenus lors de l'incendie du 26 septembre, les analyses de sang réalisées une semaine après "n'ont rien montré d'anormal". "De nouvelles analyses auront lieu six mois après l'incendie", a expliqué Frédéric Henry.
Avec AFP.
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