Difficile départ en long week-end du 11 novembre 2019 pour des usagers de la SNCF. Vendredi soir 8 novembre, leur train n'est pas parti de la gare Vaugirard (Paris). Le train suivant était en surcharge, il a fallu le délester d'un certain nombre de passagers… Voici le récit surréaliste de l'un des passagers.
Désireux de me rendre à Sées (Orne) le vendredi 8 novembre, je me connecte sur le site de la SNCF pour acheter un billet. Je ne pouvais partir que dans l'après-midi. Tous les trains sont affichés complets… Tous ? Non, un seul restait à la vente, le TER de 18 h 13 (arrivée 20 h 20 à Surdon). Les habitués de la ligne le savent, les TER sont toujours à la vente car il n'y a pas de place réservée, contrairement aux Intercités, ce qui veut dire que la SNCF ne régule absolument pas les achats et que vous avez, surtout un vendredi soir, toutes les chances de voyager debout. J'achète donc au prix fort mon billet, car les billets TER ne font l'objet d'aucune fluctuation de prix, et prends soin d'arriver 20 minutes en avance à la gare de Vaugirard (les portes des trains ouvrent 20 minutes avant le départ), afin d'avoir une chance de trouver une place assise.
Me voici donc à 17 h 55 assis dans une voiture du train de 18 h 13. Quelque temps plus tard, vers 18 h 10, un Monsieur s'installe à proximité de moi et je l'entends qui préviens sa femme au téléphone qu'il ne sait pas à quelle heure il arrivera car " le train est annulé " ! Je le questionne alors, et il me dit qu'il vient d'être affiché sur le panneau électronique, que le train était annulé. C'est à ce moment que le contrôleur prend la parole dans l'interphone pour nous annoncer qu'effectivement, le train est annulé. Il nous invite à rester à nos places car la rame partira à 19 h 43, heure du prochain train (une heure et demie d'attente). Sauf que le prochain train est un Intercités, et que les gens vont arriver avec des réservations…
Je lui demande donc comment cela va se passer. Il me répond que les panneaux Placement libre sont affichés, et que c'est à chacun de se débrouiller à condition de respecter les classes. Je décide donc de ne pas bouger de ma place, afin de conserver mon siège. Le train est déjà plein des passagers qui comptaient partir à 18 h 13. Et voici qu'arrivent les voyageurs du 19 h 43 qui, presque tous, se retrouvent debout ! Et ils arrivent, ils arrivent, tout le monde s'entasse, trois personnes sur deux sièges, des gens dans les couloirs, dans les racks à bagages. Je vous rappelle que ce train de 19 h 43 était fermé à la réservation, parce que complet…
Ça se bouscule sur les plateformes comme dans le métro aux heures de pointe, les esprits s'échauffent. Assis près d'une fenêtre côté quai, je vois des gens râler, agiter les bras, des échos de cris me parviennent, je vois une jeune fille (probablement étudiante, elle me fait penser à mon fils) repartir avec sa grosse valise en pleurant, des familles avec des poussettes (comment voulez-vous monter une poussette dans un tel chaos ?) repartir la mine triste, les scènes apocalyptiques se multiplient.
Dans le train de 19 h 43, au départ de Paris-Vaugirard, vendredi 8 novembre 2019. - Eric Mas
C'est là qu'arrivent… des agents de la police SNCF ! Ce qu'il devait arriver arriva : à 19 h 43, le train ne démarre pas. Aux alentours de 19 h 50, le contrôleur annonce que nous sommes en surcharge et que le train ne peut pas partir. Dans un nouveau message, il annonce que les passagers pour le Mans ou Alençon sont autorisés à prendre le TGV sans supplément… Alençon ? Pour avoir moi-même déjà commis la bêtise une fois, je sais qu'à cette heure-là, il n'y a plus aucune correspondance pour Alençon au départ du Mans ! Comment vont faire les pauvres bougres qui vont suivre ce conseil ? L'offre n'a pas beaucoup de succès. Quelques personnes en ont marre et s'en vont, la SNCF annonce que nous ne pouvons toujours pas partir et demande à ceux qui disposent d'un logement sur Paris de descendre et de reporter leur voyage au lendemain, à 8 h 50…
Il est 20 h 21, nous sommes toujours en gare de Vaugirard… À 20 h 38, c'est-à-dire deux heures et demie après mon heure initiale de départ et une heure après l'heure initiale de départ du deuxième train, la SNCF annonce qu'elle propose une prise en charge des frais d'hébergement sur Paris à ceux qui acceptent de descendre du train… pour partir le lendemain. De guerre lasse, quelques personnes descendent du train, j'en vois passer sur le quai.
À 20 h 45, le contrôleur annonce que "les conditions du départ sont réunies"… Je vois les flics de la SNCF s'approcher des portes, empêcher les personnes qui sont sur le quai (pour fumer une clope ? pour téléphoner tranquillement ? pour respirer de l'air frais et ne pas être compressés ?) de monter. Les portes se ferment, le train démarre, sans annonce particulière. Dans les wagons, cris de joie, applaudissements ironiques ; il est 20 h 48. Mais qu'en est-il des gens sur le quai, j'en vois quelques-uns courir, crier… Ce départ semble honteux, des familles probablement séparées, des bagages en route pour des gens restés à Paris ; combien de drames personnels ? Le train s'arrête à Versailles… pour quoi faire ? Personne ne monte, ni ne descend. Il s'arrête à Dreux. Et là, surréaliste, le contrôleur demande aux passagers de "se pousser afin de laisser monter les personnes de Dreux" ! Se pousser où, exactement ? Quelques cris de réprobation fusent.
Plus tard, le contrôleur annonce que dans la mesure où notre train a "plus d'une heure de retard", la SNCF, via son site ou un guichet (il n'y a plus de guichet à Surdon !), s'engage à un dédommagement… Ouais, sauf pour les passagers du 18 h 13, parce que les passagers d'un TER, en plus d'avoir toutes les chances de voyager debout, en plus d'être sûrs de payer leur billet plein pot, n'ont droit à aucun remboursement en cas de retard, cela est réservé aux passagers des Intercités ! Trois heures de retard, conditions de transport épouvantables, aucune compensation financière… Dites, c'est quand la privatisation des chemins de fer, en France ?
Le service communication de la SNCF que Tendance Ouest a contacté explique ces enchaînements de dysfonctionnements. C'est d'abord un train qui est tombé en panne dans le sens Granville-Paris. Ce train qui a été supprimé manquait donc ensuite pour faire le trajet dans l'autre sens. D'où une suroccupation dans le train prévu à 19 h 43. La SNCF a demandé aux voyageurs à destination de Dreux d'emprunter des Transiliens. Pour les usagers restés sur le quai de la gare Vaugirard, la SNCF a payé une vingtaine de chambres d'hôtel, ces voyageurs n'ont pris un train que le lendemain. En revanche, confirmation de ce qu'affirme notre auditeur : il n'y a aucune indemnisation pour ceux qui avaient un billet pour un TER.
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Je suis d'accord avec tout ce récit chaotique qui est bien détaillé. Mais il faut que les gens arrêtent aussi de tout mettre sur le dos de SNCF quand il s'agit des TER qui sont gérés par la région. S'il n'y a pas d'indemnisation en cas de retard sur les TER, c'est parce que la région ne le veut pas; s'il n'y a pas de réservation sur le TER, c'est parce que la région ne le veut pas; s'il n'y a pas assez de rames à circuler sur Paris-Granville, c'est parce que la région Normandie n'a pas acheté assez de rames via son ancien président Laurent BEAUVAIS. Arêtons le SNCFbashing s'il vous plaît et informez-vous
@Maxime
En l’occurrence, ce n'est pas la région qui a décidé d'annuler le départ d'un TER, c'est la SNCF. En l'occurrence, ce n'est pas un TER qui est tombé en panne, mais un Intercités. Pourriez vous m'expliquer en quoi la SNCF qui décide d'annuler un TER n'est pas responsable de la non indemnisation des passagers?