Abonnée au Trianon, la chanteuse à texte Jeanne Cherhal investit pour la première fois au 106 à Rouen (Seine-Maritime) à l'occasion de la sortie de son album L'an 40. Elle se confie :
Quelle est la genèse de cet album ?
"Je l'ai composé l'année de mes 40 ans. J'ai traversé cette année avec beaucoup de joie et de liberté. À ce moment-là j'étais dans un entre-deux. La tournée était achevée. Ce sont souvent des périodes de transition difficiles à vivre mais ce fut pour moi un vrai moment de bonheur. J'ai eu alors le désir de refaire un album. Après quatre ans de tournée, j'avais vraiment besoin de prendre du recul. Je me suis déconnectée des réseaux sociaux et je me suis consacré à l'écriture avec une vraie discipline. Une semaine par mois je suis partie de Paris et je me suis retirée dans la Drôme, en Auvergne ou même à la Réunion pour me concentrer sur cet album."
Quelle a été ta méthode de travail ?
"Pour ce disque, ce sont les musiques qui sont venues en premier. Ce n'est pas systématique. Sur mon piano j'ai improvisé jusqu'à trouver des mélodies qui me procuraient des sensations physiques : la chair de poule, une boule dans le ventre ou des picotements. C'est vraiment une réaction épidermique qui se produit alors. Puis les textes se sont greffés avec les thèmes qui naturellement me viennent à l'esprit : la féminité, les rapports humains défaillants, les rapports physiques et charnels (source inépuisable d'inspiration)."
L'une des chansons est un hommage à Higelin, pourquoi ce choix ?
"Jacques Higelin a été très important pour moi, autant l'homme que l'artiste. Ce fut mon parrain en chanson, je faisais ses premières parties quand j'étais très jeune. Lors de ses obsèques, nous avons, sa famille et ses amis, partagé un moment unique. Le contexte était vraiment particulier car il y avait de la joie dans la douleur, c'était aussi festif que solennel, à la fois sacré et païen nous étions tous à la fois remplis de lui et vide de lui. Nous étions plusieurs à chanter à son enterrement comme Catherine Ringer, Izia sa fille et moi-même. Quatre ou cinq jours après... j'ai eu le besoin de faire cette chanson qui témoigne aussi de cette expérience étrange, hors du temps, que nous avions expérimenté pour ces obsèques si inhabituelles au vu des codes actuels de notre société."
Comment parviens-tu à te renouveler tout en restant toi-même ?
"J'aime beaucoup cette phrase de Gertrude Stein 'Si je sais le faire, pourquoi le faire ?' et je travaille toujours selon cette optique. J'essaye de me détacher constamment de ma zone de confort. Je tente des nouveautés. Par exemple j'ai eu très envie sur cet album d'injecter de la musique sérielle: il y a des boucles de piano qui se superpose et pour la première fois sur scène il y a un autre piano qui m'accompagne. J'ai aussi recruté des nouveaux musiciens qui ne se connaissaient pas entre eux. J'ai fait confiance à mon instinct. C'était un vrai challenge et cela a créé une énergie nouvelle. Nous sommes parvenus à créer très tôt une belle complicité créative. J'aborde aussi des sujets qui me concernent et qui me donne envie de réagir ou des écrits des autres qui m'émeuvent. C'est très personnel. C'est toujours la même femme qui parle mais c'est une femme qui vit des choses différentes. C'est un album qui est très révélateur de mon état d'esprit actuel et que j'ai voulu joyeux !"
Jeudi 21 novembre 2019 à 20 heures au 106 à Rouen. 14,5 à 31€. le106.com
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