Sur le port et au coeur de la deuxième ville de Grèce, le festival présente quatorze films en compétition internationale, centrée cette année sur une vision distancée de la terre, sans frontières ni différences, qu'un astronaute pourrait voir de l'espace.
La vision "utopiste d'une planète idéale" qui n'existe pas, admet le directeur du festival, Orestis Andreakakis.
Traditionnellement centré sur les oeuvres cinématographiques de l'Est de l'Europe, le festival, dont le palmarès doit être dévoilé dimanche soir, s'attache à montrer combien certaines "choses que nous considérons comme importantes, comme les frontières, les races ou les idéologies, sont insignifiantes", explique Yorgos Krassakopoulos, responsable de la sélection internationale.
Certes, "les racines nous définissent", dit-il encore à l'AFP, "mais certains arbres en grandissant pourront rester buissons et d'autres pourront atteindre le ciel (...) tout dépend de chacun, et jusqu'où nous aspirons d'aller".
Dans "Zizotek" de Vardis Marinakis (Grèce), un garçon de 9 ans abandonné par sa mère au milieu d'un festival de folklore, erre dans la forêt à la recherche de ses repères perdus, et dans le déchirement, tente de se reconstruire une famille avec un ermite muet, passeur d'immigrés clandestins.
Même déracinement chez "Lillian" d'Andreas Horvath (Autriche), le road movie d'une migrante russe de New York dont le visa a expiré, réduite à rentrer dans un pays dont elle ne connaît plus rien.
Dans "The Fever" de Maya Da-Rin (Brésil-France-Allemagne), un indigène vigile sur les docks, victime du racisme de ses collègues brésiliens, se trouve secoué par une mystérieuse fièvre à l'annonce du départ de sa fille, son ultime lien familial à mille lieux de son village natal et de ses racines indiennes.
"Demain, je traverse"
Dans la sélection du film grec, où 17 films produits en Grèce sont en compétition et deux tournés en Grèce, la question du déracinement des migrants reste omniprésente dans un pays redevenu première porte d'entrée migratoire en Europe.
"I will cross tomorrow" de Sepideh Farsi (Grèce-France-Pays-Bas-Luxembourg) débute avec le vol d'oiseaux migrateurs, sorte de leitmotiv tout au long du parcours d'un jeune réfugié syrien échoué à Lesbos. Vient ensuite l'image d'un arbre déraciné, arraché à la terre par la main de l'homme.
"Des éléments symboliques sur la route de l'exil", raconte à l'AFP la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi, elle-même réfugiée en France. "Il y a tellement de choses naturelles qui reflètent le déracinement. Lesbos par exemple se trouve être la route naturelle des oiseaux migrateurs, c'est fascinant", dit-elle de l'île grecque, l'un des principaux "hotspots" de migrants en Europe.
"Meltem" de Basile Doganis (France-Grèce), déjà diffusé en Grèce, retrace également le déracinement d'un jeune Syrien à Lesbos mais aussi celui d'une jeune Française d'origine grecque de retour sur l'île un an après la mort de sa mère avec laquelle elle était brouillée.
"Pour moi, le deuil est un déracinement", explique le réalisateur à l'AFP. "C'est la double trajectoire du jeune migrant et de la jeune femme qui aide (le premier) à retrouver sa propre mère" réfugiée sur le continent grec. Ce "chassé-croisé autour de la figure maternelle" va aussi permettre à la jeune Française de "renouer avec ses racines et sa mère" défunte, souligne Basile Doganis.
Le festival, qui a débuté le 31 octobre, présente en outre plusieurs court-métrages en réalité virtuelle. "Mare Nostrum, le cauchemar" donne à vivre le calvaire de l'exil pour les migrants, l'arrachement à la famille, au pays, aux racines, la manipulation des passeurs, la violence des armes, l'enfermement et le naufrage dans les eaux de la mer Egée.
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