Luiz Inacio Lula da Silva était attendu en fin de matinée à Sao Paulo (sud-est) en provenance de Curitiba, où il est sorti de prison vendredi à la faveur d'un arrêt de la Cour suprême permettant la libération de près de 5.000 détenus, qui a outré la droite.
Loin de paraître affecté par ses 580 jours d'emprisonnement, Lula devait s'adresser à partir de 16H00 GMT à ses partisans au siège du syndicat des métallos de Sao Bernardo do Campo, dans la périphérique de Sao Paulo. Plusieurs centaines d'entre eux avaient commencé à affluer en fin de matinée, ont constaté des journalistes de l'AFP.
C'est là qu'il s'était retranché deux jours durant en avril 2018, protégé par une immense foule de sympathisants remontés à bloc, avant de se livrer aux autorités lors d'une scène très médiatisée. Il avait ensuite été conduit à la prison de Curitiba, où il a commencé à effectuer sa peine de huit ans et dix mois de prison pour corruption.
Sortant de son silence, Jair Bolsonaro a demandé samedi sur Twitter aux Brésiliens de "ne pas donner de munitions à la canaille" Lula qui, dès sa sortie, a fustigé très durement son gouvernement.
Le président d'extrême droite s'en est pris à celui "qui est momentanément libre, mais chargé de culpabilité".
"Nous sommes majoritaires, les amoureux de la liberté et du bien. Nous ne pouvons pas commettre d'erreurs", a tweeté Jair Bolsonaro. "Sans cap ni commandement, les meilleures troupes tirent dans tous les coins, y compris contre leurs amis".
Le président a des raisons de s'inquiéter de la libération du chef historique de la gauche brésilienne qui, dès sa sortie de prison, a annoncé, le poing levé, devant des milliers de partisans en liesse, vouloir "continuer à lutter pour le peuple brésilien" et parcourir le pays.
"Le peuple a de plus en plus faim, il est au chômage, le peuple travaille pour Uber ou livre des pizzas à vélo", a lancé un Lula très pugnace, jugeant que la situation du peuple était "une honte".
Selon de récentes données de l'institut IBGE, quelque 13,5 millions de Brésiliens vivaient dans une extrême pauvreté en 2018, soit le chiffre le plus élevé en sept ans.
"Cette folie dans le pays"
Dans une vidéo postée sur Twitter samedi matin, Lula "remercie du fond du coeur (les Brésiliens) de leur solidarité".
"Je suis libre pour contribuer à libérer le Brésil de cette folie qui se déroule en ce moment dans le pays", a-t-il dit, "il faut s'occuper de l'éducation, de l'emploi, des salaires, de la culture, du plaisir et de la joie".
Jair Bolsonaro, qui depuis la libération de Lula a publié divers tweets flatteurs sur les réalisations de son gouvernement, a vu le taux d'approbation de ce même gouvernement chuter sérieusement dans les sondages depuis son entrée en fonction en janvier tandis que l'économie stagne toujours.
Les manifestations prévues samedi dans diverses villes du Brésil contre l'arrêt de la Cour suprême qui a permis de libérer Lula ne réunissaient que peu de personnes en fin de matinée, comme à Rio de Janeiro où seulement quelque 200 personnes se sont retrouvées, a constaté l'AFP.
La libération du fondateur du Parti des Travailleurs (PT) a été saluée par la gauche dans le monde, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis ou en France, notamment par l'ex-président François Hollande.
En Amérique latine, secouée par de violentes convulsions et où le chef de 74 ans reste une figure iconique de la gauche, celle-ci a célébré sa libération de Caracas à Buenos Aires en passant par La Havane, Quito ou Montevidéo.
A la maire de Paris Anne Hidalgo, qui s'était réjouie sur Twitter de son élargissement et l'attend "au plus vite à Paris dont il est Citoyen d'honneur", Lula a répondu en français.
"Chère Anne, je voudrais dire que je étais contente (sic) d'avoir reçu le titre de citoyen de Paris. C'est une grandeur incommensurable. Très reconnaissant pour l'affection que le peuple parisien m'a montrée. Merci."
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