"Le retrait des troupes et de l'armement a commencé" entre les villages de Petrivské et Bogdanivka, a déclaré aux journalistes présents sur place un haut responsable de l'armée ukrainienne, Bogdan Bondar.
Les autorités de la République autoproclamée de Donetsk (DNR), citées par l'agence de presse officielle des séparatistes DAN, et l'émissaire russe dans les négociations de paix Boris Gryzlov, cité par l'agence TASS, ont chacun "salué" cette opération.
Très codifié, le début de ce retrait de troupes a commencé peu après 12H00 (10H00 GMT), avec l'envoi par les séparatistes et les Ukrainiens de fusées lumineuses, une blanche de chaque côté signifiant que les deux camps étaient prêts, puis une verte signifiant qu'ils commençaient à se retirer.
Sous le regard des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui supervisent l'opération, les soldats des deux camps ont ensuite commencé à se retirer en ordre de marche. Ils doivent reculer leur position d'un kilomètre de part et d'autre de la ligne de front.
L'OSCE a confirmé le début du retrait ajoutant qu'ils "continueront à vérifier le processus".
Côté ukrainien, une journaliste de l'AFP a vu trois véhicules blindés de combat, deux camions militaires et une vingtaine de soldats se retirer.
"Le 12 novembre à 12H00, les troupes et le matériel devront avoir été déplacés sur les nouvelles positions", signifiant la fin du processus de retrait, a expliqué Bogdan Bondar. Suivront 25 jours consacrés au déminage de la zone et au démantèlement des tranchées et des fortifications.
Les villages de Petrivské et Bogdanivka, le premier contrôlé par les séparatistes et le second par Kiev, sont situés à proximité de la "capitale" rebelle de Donetsk.
- Un sommet "pas à 100%" -
Le désengagement était d'abord prévu lundi puis vendredi mais avait été reporté en raison de tirs échangés dans la zone. Deux autres reculs des troupes de la ligne de front ont eu lieu en juin et fin octobre. Un recul sur l'ensemble de la ligne de front, longue de plus de 400 kilomètres, peut désormais être envisagé.
Le désengagement de samedi constitue "la dernière précondition pour l'organisation du sommet quadripartite" entre les dirigeants ukrainien et russe avec la médiation de leurs confrères français et allemand, a assuré cette semaine le chef de la diplomatie ukrainienne, Vadym Prystaïko.
Si Moscou est moins catégorique, Vadym Prystaïko espère que cette rencontre entre Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron et Angela Merkel puisse avoir lieu en novembre à Paris. Il s'agirait de la première rencontre à ce niveau depuis 2016.
La tenue d'un tel sommet a déjà été maintes fois évoquée ces dernières semaines sans jamais se concrétiser, notamment car Moscou conditionnait une reprise des pourparlers à un recul des troupes dans ces trois petits secteurs de la ligne de front.
Entamé sous l'impulsion du nouveau président ukrainien, en poste depuis mai, ce désengagement suscite beaucoup d'inquiétude en Ukraine, où les détracteurs de M. Zelensky l'accusent de négocier avec la Russie sans en informer le public, voire de "capituler" face au Kremlin.
"Les chances que le sommet ait lieu augmentent mais on est encore loin de 100%", a déclaré à l'AFP l'analyste ukrainien Volodymyr Fessenko, notant qu'il reste "de nombreux points de controverse entre la Russie et l'Ukraine sur lesquels il sera difficile de s'accorder".
Cette guerre a fait environ 13.000 morts depuis son déclenchement il y a cinq ans, un mois après l'annexion par Moscou de la péninsule de Crimée. Ukrainiens et occidentaux accusent Moscou de soutenir financièrement et militairement les séparatistes et de contrôler de facto la zone, ce que Moscou dément.
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