Signe du manque d'enthousiasme pour ce Jubilé, aucun des grands dirigeants occidentaux ne fait le déplacement samedi à Berlin.
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a quitté le pays vendredi soir après deux jours de visite et le président français Emmanuel Macron n'arrivera que dimanche soir pour un dîner avec la chancelière Angela Merkel et le président allemand Frank-Walter Steinmeier.
Deux jours avant cet anniversaire, le chef de l'Etat français a jeté un pavé dans la mare en diagnostiquant que l'Otan était "en état de mort cérébrale".
M. Macron a notamment déploré l'absence de coordination entre les Etats-Unis et les partenaires de l'Otan et le cavalier seul de la Turquie, membre de l'Alliance, intervenue récemment dans le nord de la Syrie.
Abandonnant son habituel ton policé, Angela Merkel, depuis toujours très atlantiste, a assuré ne pas partager la vision "radicale" et le "jugement intempestif" de M. Macron.
Avertissement
Aux mésententes entre les alliées de l'époque de la fin de la guerre froide, s'ajoutent un climat géopolitique international pesant.
A Berlin, Mike Pompeo a enjoint aux pays occidentaux de "défendre ce qui a été si durement gagné en 1989" et à "prendre conscience que nous sommes dans une compétition de valeurs avec les nations non-libres", montrant du doigt tout particulièrement la Chine et la Russie.
Venue aussi dans la capitale allemande vendredi, la présidente désignée de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lui a emboîté le pas. Elle a appelé à la vigilance face à Pékin et Moscou et a reconnu une certaine naïveté en 1989 quand le monde a voulu croire que "la victoire des démocraties libérales ne pourrait être stoppée".
Malgré ce contexte sombre, les Berlinois célèbrent la chute du Mur qui a divisé leur ville durant plus de 28 ans jusqu'au soir du 9 novembre 1989.
Temps fort, Angela Merkel doit tenir un discours dans la matinée à l'intérieur d'une chapelle érigée dans une rue chargée d'histoire, la Bernauerstrasse, qui fut le théâtre de drames lors de la construction du Mur le 13 août 1961. Des habitants s'étaient jetés des fenêtres au péril de leur vie pour passer à l'Ouest.
Mémoire
La chancelière, originaire d'Allemagne de l'Est, sera accompagnée des présidents de Slovaquie, de Pologne, de République tchèque et de Hongrie, des pays qui il y a 30 ans ont largement préparé le terrain à la chute du Mur.
Le soir, ce sera au tour du président de la République, Frank-Walter Steinmeier, de s'adresser à la foule à la porte de Brandebourg.
Sur le plan intérieur aussi, l'Allemagne est loin d'afficher le même optimisme qu'il y a 30 ans. Angela Merkel a d'ailleurs reconnu que "cela prendrait un demi-siècle ou plus" pour achever la réunification allemande.
La fracture politique et économique entre l'Est et l'Ouest plus riche du pays reste d'une brûlante actualité, en particulier avec le succès de l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) dans l'ex-RDA.
"Les tendances nationalistes et protectionnistes gagnent du terrain dans le monde", a jugé vendredi Mme Merkel.
Le message anti-élites et anti-système de l'extrême droite fait mouche à l'Est où nombre de "Ossis" (le surnom des anciens Allemands de l'Est) estiment être traités comme des citoyens de seconde zone.
La chute du Mur de Berlin, le soir du 9 novembre 1989, s'était déroulée pacifiquement et les images des Allemands tombant dans les bras les uns des autres avaient fait le tour du monde.
"Un moment de bonheur!", a d'ailleurs assuré Mme Merkel.
"C'est un événement qu'on n'oublie jamais. C'était la folie! Le Mur était une forteresse imprenable et tout à coup il s'est effondré ", se souvient pour l'AFP Thomas Wendt, 67 ans, qui passa ce soir-là à Berlin-Ouest.
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