Trois semaines après son déclenchement le 18 octobre, le mouvement de colère sociale contre le président libéral Sebastian Pinera ne faiblit pas, et les troubles se sont à présent étendus aux quartiers aisés de la capitale.
Environ 75.000 personnes, selon la mairie de Santiago, ont participé au rassemblement sur la Plaza Italia, tandis qu'à proximité se produisaient des heurts pendant lesquels une partie de l'Université Pedro de Valdivia, un établissement privé, a brûlé.
La mairie a indiqué qu'après la marche "ont commencé des troubles avec construction de barricades".
Le bâtiment a commencé à brûler alors que des manifestants encagoulés affrontaient des unités anti-émeutes et incendiaient des barricades dans les environs, ont déclaré des témoins à des médias locaux.
De nombreuses compagnies de pompiers ont été envoyées sur place.
A proximité de l'université incendiée, un groupe de manifestants encagoulés a pillé une église historique, la Parroquia de La Asuncion, construite en 1986, et ont utilisé une partie de son mobilier pour ériger des barricades auxquelles ils ont mis le feu.
"Place de la dignité"
Une marée de manifestants avait afflué en fin de journée sur l'avenue Alameda pour envahir pour le troisième vendredi consécutif la Plaza Italia, dans le centre de la capitale, rebaptisée sur une immense toile "Plaza de la Dignidad" ("Place de la Dignité").
Ils portaient des drapeaux chiliens et des pancartes sur lesquelles étaient écrits des slogans contre le gouvernement du président Pinera.
En passant devant le palais présidentiel, la foule a scandé des slogans hostiles au président en réclamant sa démission.
Des centaines de personnes ont manifesté non loin du Costanera Center, un immense édifice qui est le symbole de la prospérité du Chili. A la base du bâtiment se trouve un vaste centre commercial considéré comme le plus grand de la région, et qui est fermé depuis quelques jours en raison des troubles.
La marche de vendredi avait été convoquée sur les réseaux sociaux après le discours prononcé jeudi par M. Pinera, qui avait annoncé de nouvelles mesures de sécurité, tentant de traiter la crise comme un problème d'ordre public.
"Il ne comprend rien"
"Le message de Pinera hier était une provocation ouverte, il ne comprend rien", a déclaré à l'AFP Cristian, un étudiant de 27 ans qui n'a voulu donner que son prénom.
Tout en durcissant le ton sur le thème de l'ordre public, M. Pinera n'a fait jeudi aucune annonce dans le domaine social pour répondre aux revendications de la rue sur le montant des pensions de retraite, la santé ou l'éducation.
Des manifestations ont aussi eu lieu vendredi dans d'autres villes du Chili, selon les médias. A Vina del Mar, près de Valparaiso, de violents affrontements avec la police se sont produits et des barricades ont été érigées dans le centre de la ville.
Dans la nuit, à Santiago, des groupes de manifestants ont bloqué des rues dans les quartiers centraux de Providencia et de Las Condes. Ils ont construit des barricades avec des détritus et du mobilier urbain, puis les ont incendiées en criant des slogans contre le gouvernement.
L'annonce le 18 octobre de l'augmentation du prix du ticket de métro a été le déclencheur de la colère dans les rues de Santiago. Depuis, les Chiliens n'ont pas cessé de protester contre les inégalités qui règnent dans un pays à l'économie prospère et où l'Etat est selon eux défaillant dans les domaines de l'éducation, de la santé et des retraites.
Depuis le début des manifestations, 20 personnes ont été tuées, selon l'Institut national des droits de l'Homme (INDH) et plus de mille ont été blessées.
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