Libération, qui détaille vendredi, dans une longue enquête, les actes reprochés à cet ancien recruteur du ministère, affirme qu'il aurait fait plus de 200 victimes en 9 ans. L'affaire avait été révélée par le Canard Enchaîné en mai dernier.
"C'est une affaire complètement folle d'un pervers" a réagi vendredi sur Europe 1 le ministre de la Culture Franck Riester. Il s'est dit "atterré" par des faits qui se sont produits avant son entrée en fonction rue de Valois, en octobre 2018.
"Entre 2009 et 2018, plus de 200 femmes (...) ont été photographiées et/ou intoxiquées aux diurétiques, à leur insu, au ministère de la Culture puis à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de la région Grand Est", écrit Libération, sur la base de nombreux témoignages.
Selon le quotidien, cet ancien sous-directeur des politiques de ressources humaines versait d'abord un diurétique dans une boisson chaude, qu'il proposait à des candidates à des postes au ministère. Il isolait ensuite ses victimes pour les pousser à uriner devant lui, par exemple en leur proposant une visite du quartier, en suivant un itinéraire "permettant d'isoler ses victimes et de les éloigner des cafés ou des musées où elles pourraient trouver des toilettes".
"J'étais au bord du malaise. Sous un pont (...), j'ai uriné. Pendant ce temps, il tenait son manteau devant moi pour me cacher et regardait mon visage", témoigne une femme dans le quotidien.
- Cellule d'alerte au ministère -
Le DRH tenait registre de ses actes dans un fichier informatique intitulé "Expériences", avec force détails et photographies, dans lequel il consignait minute après minute les troubles de ses victimes, selon cette enquête.
"J'aurais voulu qu'on m'arrête avant", affirme l'ancien haut fonctionnaire à Libération, reconnaissant pour sa part avoir intoxiqué "dix ou vingt" femmes.
L'affaire a été révélée le 15 juin 2018 à la Drac du Grand Est, où l'homme a été pris sur le vif en train de photographier "discrètement" les jambes d'une sous-préfète de Moselle. Il a été suspendu en octobre, puis révoqué en janvier 2019.
Placé sous contrôle judiciaire, il a été mis en examen pour "administration de substance nuisible", "agression sexuelle par personne abusant de l'autorité conférée par sa fonction", "atteinte à l'intimité de la vie privée par fixation d'image", "violence par une personne chargée de mission de service public" et "infraction à la législation sur les médicaments", selon une source judiciaire.
Une information judiciaire a été ouverte le 24 octobre 2019 par le parquet de Paris.
"Une procédure disciplinaire a été engagée contre lui, aboutissant à sa radiation de la fonction publique", confirme-t-on au ministère de la Culture.
"Dès que le ministère a eu connaissance de signalements de ses agents, il a engagé des actions auprès du procureur de la République. C'est à ce titre qu'une procédure judiciaire est en cours", a précisé à l'AFP le ministère de la Culture.
Celui-ci a mis en place une cellule d'alerte, d'écoute et de signalement, destinée à tous ses agents.
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