Dans quel état d'esprit êtes-vous à l'aube du quatrième anniversaire de l'attentat ?
"La réalité du quotidien, c'est qu'on pense tous les jours à Thomas. Que le manque est présent. Mais c'est la vie qui l'emporte. On ne peut pas se laisser mourir de chagrin. Il y a un après, pour nous tous. Et aussi pour tous les survivants. Pour toutes les victimes, blessées dans leur chair. Pour tous les traumatisés, dans leur cœur et dans leur tête."
Le traumatisme psychologique reste très important chez les survivants, quatre ans après ?
"Il est à durée variable selon les personnes. Certains se sont reconstruits plus rapidement que d'autres. Certains ont cru qu'ils n'avaient pas subi de traumatisme, et en réalité, en 2019, le Fonds de garantie des victimes de terrorisme a encore reçu près de cinquante nouvelles demandes. Des gens qui ne s'étaient pas considérés comme des victimes dans un premier temps, qui se rendent compte que sur la durée, ils souffrent réellement d'une blessure. En tout, 2 600 victimes ont été déclarées indemnisables. 60 % de dossiers ont fait l'objet d'une offre d'indemnisation."
Quatre ans après, craignez-vous que le souvenir de ce 13 novembre 2015 s'estompe peu à peu ?
"Oui. C'est malheureusement naturel pour les personnes qui ont vécu cet événement de façon plus éloignée. Il y aura forcément un étiolement. Mais il est important de rappeler qu'une date est gravée dans le marbre, à l'initiative du président de la République : celle du 11 mars, devenue la journée nationale de commémoration des victimes du terrorisme."
Un procès doit avoir lieu dans un peu plus d'un an. L'instruction est close. Comment imaginez-vous cette étape ?
"Ce sera un procès hors-norme, au regard du nombre de parties civiles, 450 avocats et certainement autant de journalistes. Il y aura dans le box des accusés 13 ou 14 personnes. L'autorisation de filmer le procès a été accordée, pour les besoins de l'Histoire comme l'a été celui de Nuremberg. Il doit durer six mois."
Ce procès, c'est plus que la justice ? C'est une étape du deuil ?
"Bien sûr, le procès est essentiel dans la reconstruction. À titre personnel, je n'en attends pas grand-chose. Mais c'est une phase indispensable. Une page qui se tourne."
Propos recueillis par Éric Mas
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