Porte d’entrée naturelle du port de Caen depuis le Moyen-Âge, l’estuaire de l’Orne sort de l’oubli en 1857, lors de la construction du canal Caen-Ouistreham. Puis, avec l’instauration des congés payés, des cahuttes surgissent sur ses deux rives. L’urbanisation croissante du littoral, dans les années 70, provoque de nombreuses idées d’aménagement qui resteront à l’état de projet, dont la création d’une marina à hauteur de Merville... Dix ans plus tard, par chance, le Conservatoire du littoral s’appuie sur les vertus écologiques du site pour racheter progressivement les parcelles de ce territoire et le préserver.
Cohabitation nécessaire
“Aujourd’hui, cet estuaire est une relique. Certains milieux naturels présents ici sont rares, comme le bois dunaire de Merville, où les arbres ont poussé sur du sable. Peu de sites de ce genre ont été aussi bien conservés dans le Calvados”, souligne Thierry Pitrey, responsable de la Maison de la nature et de l’estuaire de l’Orne, à Sallenelles. La mission de cet établissement public : préserver le rôle essentiel de cette “zone de transition pour les animaux”, entre l’eau douce de l’Orne et l’eau salée de la Manche. En toutes saisons, des espèces d’oiseaux migrateurs évoluent dans la réserve ornithologique du “Gros banc”. S’y épanouissent aussi batraciens et coquillages, qui favorisent la production de plancton, lui-même nécessaire pour renouveler le stock de poissons.
“Un petit air d’île de Ré” !
Si le site sanctuarisé bénéficie d’une surveillance particulière (deux gardes patrouillent en permanence), il n’en demeure pas moins une zone d’activité partagée. Coin apprécié des amateurs de calme, il offre aussi, comme l’ensemble des deux rives de l’estuaire, des kilomètres de sentiers de randonnée et de nombreuses activités sportives, dont la voile et le kite-surf. “C’est un endroit loin des standards de la Côte de Nacre ou de la Côte fleurie. Son aspect brut me rappelle l’île de Ré”, témoigne une habituée de la Pointe du siège, cette flèche de sable de 1,5 km, accessible depuis le phare de Ouistreham. D’autres activités “traditionnelles” s’y maintiennent de façon réglementée : la chasse, mais aussi le ramassage de la salicorne ou des “plouzes”, ces vers de vase très prisés des pêcheurs comme appâts. Ou encore l’agriculture, nécessaire pour lutter contre les friches.
Ces activités, aux intérêts divers, doivent désormais répondre à des objectifs communs depuis le classement de l’estuaire à l’inventaire européen Natura 2000, destiné à concilier tous les usages de ce fragile territoire. Une ultime garantie de sa pérennité.
La Pointe du siège, havre de paix
La route étroite qui quitte le phare de Ouistreham a ses habitués : elle mène tout droit à la Pointe du siège, un espace de paix, bien loin du tumulte des cités balnéaires. C’est ici, dans la très belle baie orientée plein nord, que l’école de voile de Ouistreham a élu domicile, profitant d’une exposition parfaite. Elle y fait découvrir toute l’année les joies de la navigation à des enfants dès 4 ans, encouragés sur la plage par leurs familles en vacances. Tout près, une fine bande d’habitations rappellent les cahuttes qui ont parsemé le littoral au temps des premiers congés payés. Aujourd’hui, 55 propriétaires, dont seuls 10% environ sont présents toute l’année, profitent de ce cadre idéal. Le reste de la Pointe du siège appartient au Conservatoire du Littoral, qui protège le site et y règlemente les activités. On peut s’y promener au calme et mieux apprécier son étendue du haut du chalet d’observation, perché au milieu du petit bois, au bout des dunes.
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