Depuis un an et le début de la mobilisation des "gilets jaunes", le parquet de Paris a vu affluer les plaintes dénonçant des violences policières lors de mobilisations dans la capitale qui ont souvent dégénéré en heurts avec les forces de l'ordre, occasionnant parfois de graves blessures chez les manifestants.
Selon un communiqué du procureur de Paris Rémi Heitz, 212 enquêtes au total ont été confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices dont l'impartialité est régulièrement mise en cause par les "gilets jaunes".
Dans près de 70% des cas, les investigations ont été achevées et les conclusions transmises au parquet de Paris pour qu'il décide des suites de la procédure.
Et dans deux cas, le parquet a estimé, après analyse, que les faits "justifiaient" un renvoi en correctionnelle, indique M. Heitz.
Tous deux concernent des faits survenus lors de la manifestation du 1er mai 2019, marquée par de nombreuses violences et débordements.
Un des policiers sera ainsi jugé pour avoir giflé un "gilet jaune" - une scène filmée et mise en ligne sur les réseaux sociaux. Il comparaîtra pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une incapacité supérieure à huit jours", a détaillé le procureur dans son communiqué.
L'autre est accusé d'avoir jeté un pavé sur des manifestants, une scène là aussi filmée et diffusée sur internet. Il devra répondre de "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique n'ayant pas entraîné d'incapacité", selon le communiqué.
La date de leur comparution à Paris n'est pas encore connue.
En mai, Rémy Heitz en personne avait assuré que des policiers seraient renvoyés en correctionnelle "d'ici la fin de l'année" pour des faits liés aux "gilets jaunes", suscitant des grincements de dents dans les rangs policiers.
"Infraction insuffisamment caractérisée"
Dans son communiqué, le procureur de Paris a par ailleurs indiqué que 18 procédures impliquant des policiers ont été confiées à des juges d'instruction chargés d'enquêter sur les affaires les plus graves.
C'est notamment le cas pour Jérôme Rodrigues, "gilet jaune" blessé gravement à l'œil le 26 janvier, dont la plainte a abouti à l'ouverture d'une information judiciaire pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique avec arme".
Au total, 72 affaires sont encore en cours d'analyse au parquet tandis que 54 autres ont été classées sans suite, principalement pour "infraction insuffisamment caractérisée" mais aussi pour "absence d'identification des personnes mises en cause", a détaillé M. Heitz.
Interrogé jeudi, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a par avance voulu déminer d'éventuelles critiques.
"Partout où il était possible de caractériser des éléments d'une faute, les éléments ont été confiés au procureur et le procureur a pu s'engager à poursuivre", a-t-il détaillé.
"C'est cela la justice": faire un examen, une enquête qui est placée sous l'autorité de la police, de la gendarmerie et ensuite un procureur puis des juges décident des suites à donner".
Sur l'ensemble de la France, la "police des polices" a été saisie de 313 enquêtes pour des violences policières présumées liées aux "gilets jaunes", dont certaines ont abouti à des classements sans suite dénoncées avec force par les blessés ou leur famille.
C'est le cas d'une plainte déposée par la mère d'un adolescent, dont la mâchoire a été brisée par un tir de LBD lors d'une manifestation en janvier à Strasbourg.
Le parquet a classé la procédure sans suite en raison notamment "de l'impossibilité d'identifier le policier qui a tiré", suscitant la colère de la plaignante Flaure Diessé. "Un classement sans suite, c'est comme si on nous disait qu'il ne s'était rien passé", a-t-elle réagi dans Les Dernières nouvelles d'Alsace.
Selon le décompte du journaliste indépendant David Dufresne, 24 personnes ont été éborgnées depuis le début du mouvement le 17 novembre.
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