L'évacuation de deux camps aux abords du périphérique parisien, partiellement paralysé pour l'opération, à cheval sur la Porte de la Chapelle et Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), a démarré vers 6H00, a constaté un journaliste de l'AFP.
Environ 600 policiers étaient mobilisés pour cette évacuation d'une ampleur inédite depuis plus d'un an dans la capitale et qui se déroulait dans le calme, sous la pluie.
Elle intervient dans un contexte de durcissement de la rhétorique sur la politique migratoire et au lendemain de l'"engagement" pris par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Il a assuré mercredi lors des annonces gouvernementales sur l'immigration que les campements du nord-est parisien allaient être évacués "d'ici la fin de l'année".
Sur les quelque 1.500 à 3.000 exilés qui vivent dans des tentes sous les pots d'échappement du périphérique et de l'autoroute A1, moins de la moitié, soit 600 à 1.200 personnes devaient être évacuées et mises à l'abri dans des centres d'accueil ou des gymnases aux quatre coins de l'Ile-de-France. L'autre partie, qui se trouve sur le camp voisin de la Porte d'Aubervilliers, doit faire l'objet d'une prochaine opération similaire.
"J'aurai un toit"
Awa, Ivoirienne de 32 ans, dormait dans une tente Porte de la Chapelle depuis son arrivée en France il y a un an. Elle n'avait jamais été hébergée avant aujourd'hui. Dans la file d'attente sous un embranchement du périphérique pour monter dans un bus, elle explique qu'on est venu la voir à 3H00 du matin pour lui proposer cette mise à l'abri.
"Il pleut, il fait froid. Je ne sais pas où je vais, mais ça me fait plaisir d'y aller, parce que j'aurai un toit ce soir", dit-elle à l'AFP en emportant juste un sac à dos avec elle.
"Je ne peux pas laisser une situation de danger de cette nature (...) tout ça ne peut plus durer, et c'est le sens de la fermeté dont je vous parle", a expliqué sur place à la presse le préfet de police de Paris Didier Lallement.
"Cette opération a été décidée dans le cadre de la mise en œuvre du plan (gouvernemental), elle ne vient pas par hasard", il "faut changer de braquet en évacuant les campements", a-t-il ajouté
"Jusque-là, on avait des opérations de mise à l'abri de 200, 300 personnes, mais on ne vidait jamais les campements et ils revenaient. Avec cette opération, on a un objectif de zéro retour", explique-t-on à la PP.
C'est le préfet de police qui a pris un arrêté d'évacuation, jugeant de même source que les campements prenaient "trop d'ampleur" et qu'une "délinquance" s'y installait. La préfecture en veut pour preuve les 213 atteintes aux personnes répertoriées sur le "secteur" de la Porte de la Chapelle depuis début 2019. Sans compter les "rixes entre migrants". Bref, une "situation devenue incontrôlable".
"Vidéo-patrouilles"
Les associations de défense des migrants craignent, elles, que l'opération ne se transforme en vaste coup de filet. "Nous redoutons notamment des placements en détention pour une partie des exilés présents, qui n'auront plus le choix de monter ou non dans les bus", explique ainsi Julie Lavayssière, d'Utopia56.
Les mises à l'abri se feront sur la base du "volontariat", insiste à l'inverse la préfecture de région.
Les examens des situations administratives se feront dans un second temps, mais l'accueil reste "inconditionnel", souligne la préfecture.
La dernière évacuation d'ampleur à Paris dans le 19e arrondissement, s'était également effectuée en plusieurs temps fin mai-début juin 2018, avec plus de 2.000 personnes délogées.
Cette fois, pour éviter que des camps ne se reforment, la préfecture de police a vu grand: des forces mobiles doivent "tourner 24 heures sur 24 sur place", pour effectuer des contrôles d'identité et "placer en centre de rétention s'il le faut". Le tout accompagné d'un "dispositif de vidéo-patrouilles, avec notamment quelques caméras tactiques spécifiquement prévues pour cette action".
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