Le Premier ministre Boris Johnson va se rendre au palais de Buckingham pour demander à la Reine de dissoudre le Parlement, dont les divisions ont jusqu'ici empêché la mise en oeuvre de la sortie de l'UE, votée par 52% des Britanniques il y a plus de trois ans mais déjà repoussée trois fois.
Les sondages placent régulièrement en tête les conservateurs avec une dizaine de points d'avance, mais John Curtice, politologue et grand prêtre des sondages au Royaume-Uni, ne cesse de mettre en garde et de conseiller la prudence.
Boris Johnson, qui a joué un rôle décisif pour faire voter le Brexit en 2016, compte mener campagne en se présentant comme le seul à même de le mettre en œuvre à la date prévue du 31 janvier 2020.
Face à lui, le leader travailliste Jeremy Corbyn fera valoir qu'il est le seul à pouvoir obtenir de Bruxelles un accord de Brexit respectant les droits des travailleurs, qu'il soumettrait ensuite à un référendum prévoyant aussi l'option de rester dans l'Union européenne.
Sur leurs flancs, les petits partis peuvent faire dérailler leurs rêves de conquérir une majorité.
Le parti du Brexit de Nigel Farage menace de prendre des voix à M. Johnson en prônant une coupure plus nette avec l'UE que celle prévue dans l'accord qu'il a négocié avec les Européens.
- Corbyn = Staline -
A l'autre bout du spectre, les europhiles libéraux démocrates, constants dans leur refus de la sortie de l'UE, emmenés par Jo Swinson, veulent annuler le Brexit et peuvent ravir les voix de conservateurs europhiles modérés et de travaillistes déçus des atermoiements de leur leader sur la question.
Boris Johnson doit lancer en fanfare mercredi soir sa campagne lors d'un meeting dans le cœur du pays, les West Midlands, et reprendra ses thèmes favoris: le Brexit bien sûr, mais aussi toutes les questions sociales négligées ces dernières années par un sujet qui a phagocyté toute la politique britannique: éducation, logement, santé, sécurité.
Le Premier ministre a en fait déjà lancé sa campagne depuis plusieurs mois, dès son arrivée au pouvoir en juillet, visitant écoles, hôpitaux, centre de formation de la police.
Mais rien n'est jamais complètement écrit dans une campagne électorale et le premier jour a déjà été assombri par quelques couacs: le très pincé Jacob Rees-Mogg, proche allié de Boris Johnson, a dû s'excuser platement pour avoir dit que "le bon sens" dictait de sortir d'un immeuble en feu, à propos de la mort tragique de 72 habitants de la tour de Grenfell à Londres dans un incendie en 2017, pendant lequel les pompiers, très critiqués depuis, avaient donné pour consigne de ne pas bouger.
La remarque de Jacob Rees-Mogg est d'autant plus ravageuse qu'elle le fait apparaître comme coupé des dures réalités de la vie de la population, soit le contraire du message que tente de faire passer Boris Johnson, lui aussi issu d'une classe sociale ultra privilégiée.
Et le Premier ministre lui-même a fait grincer des dents pour un éditorial dans son quotidien préféré, le Daily Telegraph, véhicule de sa campagne électorale, dans lequel il compare Jeremy Corbyn au dictateur soviétique Joseph Staline en raison de sa "haine" présumée des riches.
"Les absurdités que peuvent sortir les ultra-riches pour éviter de payer un peu plus d'impôts...", a réagi Jeremy Corbyn sur son compte Twitter, rangeant ainsi le Premier ministre de leur côté et engageant la campagne sur le terrain de la lutte des classes.
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