Dénonçant une "mascarade", voire une tentative de "coup d'Etat" selon les mots de Donald Trump, la Maison Blanche refuse de coopérer avec les investigations de l'opposition.
Quatre hauts responsables de la Maison Blanche ont, dans ce contexte, ignoré leurs convocations pour témoigner lundi.
Voyant derrière ces absences une tentative de faire "entrave" à la bonne marche du Congrès, les démocrates ont réaffirmé qu'elles pourraient étayer le dossier de mise en accusation ("impeachment" en anglais) contre le président.
Ils ont en parallèle publié les premiers des témoignages recueillis à huis clos depuis l'ouverture, le 24 septembre, d'une procédure explosive de destitution contre Donald Trump: ceux de l'ex-ambassadrice à Kiev, Marie Yovanovitch, et de Michael McKinley, conseiller du secrétaire d'Etat Mike Pompeo jusqu'à sa démission début octobre.
"Avec chacune des auditions, nous en apprenons plus sur les tentatives du président de manipuler les leviers du pouvoir dans son propre intérêt", ont affirmé les trois chefs démocrates des commissions de la Chambre des représentants menant l'enquête.
Les deux témoignages "démontrent également la perversion de la politique étrangère américaine par un canal clandestin de communication parallèle qui cherchait à promouvoir les intérêts personnel et politique du président, ainsi que les graves inquiétudes que ceci a provoqué à travers nos institutions", ont-ils poursuivi.
Lors d'un échange téléphonique avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky en juillet, Donald Trump avait critiqué la diplomate alors qu'elle avait déjà été rappelée à Washington. "Il va lui arriver des choses", avait-il déclaré.
La Maison Blanche a publié un compte-rendu de ce fameux appel. Lors de son audition le 11 octobre, les enquêteurs parlementaires ont demandé à Mme Yovanovitch si elle s'était sentie menacée en lisant cette phrase.
"Oui", a-t-elle répondu.
C'est lors de cet appel que le milliardaire républicain a demandé à M. Zelensky d'enquêter sur un de ses rivaux démocrates, Joe Biden.
Convaincus de tenir, avec cette demande, la preuve d'un "abus de pouvoir", les démocrates se sont engagés sur la voie périlleuse d'une enquête pour "impeachment" à la Chambre, où ils sont majoritaires.
La procédure a pris une nouvelle ampleur avec l'approbation, le 31 octobre, d'une résolution autorisant des auditions publiques.
Celles-ci démarreront "bientôt", a indiqué lundi le chef de la commission du Renseignement, Adam Schiff.
Coup d'accélérateur
En attendant, les démocrates vont publier d'autres témoignages très attendus, qui se sont aussi déroulés à huis clos. A commencer mardi par ceux de Kurt Volker, ex-envoyé spécial des Etats-Unis pour l'Ukraine, et de l'ambassadeur américain auprès de l'Union européenne (UE) Gordon Sondland.
Cette nouvelle phase publique marque un net coup d'accélérateur dans l'enquête en vue d'un possible vote à la Chambre.
Si la chambre basse votait sa mise en accusation, Donald Trump serait alors soumis à un procès au Sénat, où la majorité républicaine qui lui reste encore largement fidèle rend cependant improbable sa destitution.
Donald Trump a de nouveau affirmé lundi que sa conversation avec M. Zelensky était irréprochable.
"Il n'y a aucune raison d'appeler des témoins pour analyser mes mots et leur sens", a-t-il tweeté.
L'avocat de la Maison Blanche John Eisenberg, ainsi que trois autres responsables de l'exécutif, Robert Blair, Michael Ellis et Brian McCormack, ne se sont pas présentés pour témoigner lundi.
Donald Trump réclame en outre que le lanceur d'alerte qui avait attiré l'attention sur cet appel soit convoqué pour témoigner au Congrès et que son identité soit révélée.
Membre des services de renseignement, ce dernier est prêt à répondre à des questions écrites de la part des républicains, a indiqué son avocat.
En dépit des règles de protection des lanceurs d'alerte, plusieurs médias conservateurs font circuler un nom depuis des jours, et des élus républicains ont donné de l'écho à leurs articles en les retweetant.
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