Les ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, de la Justice, Nicole Belloubet et de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, ont annoncé lundi qu'ils se rendraient sur les lieux mardi matin pour rencontrer policiers et pompiers, en première ligne lors des violences et l'incendie d'une école de cirque.
"Nous déplorons évidemment ces actes imbéciles et violents (...) Je crois qu'en vérité il s'agit d'une petite bande d'imbéciles et d'irresponsables qui pensent que tout casser est une façon de faire avancer les choses", a dénoncé le Premier ministre en marge d'un déplacement en Seine-Saint-Denis.
"Nous sommes parfaitement conscients de ce que lorsque nous bousculons les trafics de stupéfiants, cela crée des tensions (...). Mais nous sommes déterminés à faire en sorte que ce trafic puisse cesser et à faire en sorte que l'ordre puisse être respecté et rétabli", a ajouté M. Philippe.
L'émotion était toujours vive lundi à Chanteloup-les-Vignes, ville située à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Paris, où les forces de l'ordre, prises à partie par "une trentaine de jeunes", ont essuyé des jets de projectiles ou des tirs de mortiers d'artifice samedi jusqu'à 23H00.
Un incendie a dévasté l'école de cirque, bâtiment culturel emblématique de la ville.
Deux individus, dont un mineur, étaient toujours en garde à vue lundi et devaient être présentés "dans la soirée" à un juge d'instruction. Le parquet va requérir leur placement en détention provisoire.
Devant les décombres du site, le président LR du conseil départemental des Yvelines Pierre Bédier a promis lundi que le chapiteau, inauguré en 2018, serait "reconstruit dans moins d'un an et entièrement financé par le département".
Le département prévoit la reconstruction à l'identique du bâtiment de 800.000 euros, qui, selon la maire (divers droite) de la ville Catherine Arenou, contenait pour un montant équivalent d'équipements, structures et costumes.
"Déni"
L'opposition de droite et d'extrême droite a immédiatement accusé Edouard Philippe de "déni" et "banalisation" face à des "actes criminels", a résumé le député LR Eric Ciotti.
"Les incendiaires de Chanteloup-les-Vignes ne sont pas des imbéciles et des irresponsables comme le dit Edouard Philippe. Ce sont des criminels qui veulent affaiblir la République", a affirmé le chef de file des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau, dans un tweet.
Le nouveau numéro 2 de LR, Guillaume Peltier, a plaidé pour que "les mineurs délinquants récidivistes, au-delà de la sanction judiciaire qu'ils méritent, puissent aller dans des services militaires obligatoires".
A l'extrême droite, le vice-président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a estimé que "la solution ne réside pas dans plus de politique de la ville et plus de milliards d'euros, mais dans la sortie de l'angélisme et dans le rétablissement de l'ordre républicain, en regardant les causes en face: l'immigration massive, le communautarisme, le rejet de la France et de ses valeurs, la +culture racaille+, et les trafics en tous genres qui alimentent ces quartiers".
"C'est plus que des voyous. On est dans l'ordre du crime. Il faut mettre le holà et appeler les choses par leurs nom", a affirmé le maire de Béziers où un collège a été incendié lors de violences urbaines jeudi, exigeant que les auteurs de ces violences soient sévèrement condamnés.
A gauche, le député LFI de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière, a estimé que les causes sont "multiples" tout en soulignant que "ça se produit dans des endroits où le taux de chômage, la précarité sont importants".
"On a besoin d'organiser le retour de l'Etat dans nos quartiers populaires (...) On a besoin de policiers formés, en nombre, soutenus par leur hiérarchie", pour "démanteler les trafics qui pourrissent la vie des habitants des quartiers populaires", a affirmé Ian Brossat, porte-parole du PCF.
Chanteloup-les-Vignes, au cœur d'une importante rénovation urbaine ces dernières années, est "la proie d'agressions diverses et variées depuis plusieurs jours", avait expliqué dimanche Mme Arenou, évoquant les coupures quotidiennes d'éclairage public, provoquées par certains jeunes du quartier sensible de la Noé près duquel est implanté le chapiteau.
L'élue a rejeté l'idée d'un constat d'échec de la politique de la Ville dans sa commune: "Nos territoires sont les lieux du sas républicain" mais "ceux qui s'en sortent ne font pas de bruit", a-t-elle souligné.
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