Le procès des cerfs de Luc Besson s'est tenu lundi 4 novembre 2019, au Tribunal d'instance d'Argentan (Orne) : le cinéaste est accusé par la Fédération des chasseurs de l'Orne de laisser proliférer les cerfs sur sa propriété ornaise de la Trinité-des-Laitiers, près de Gacé. La Fédération de chasse doit indemniser les dégâts causés par les cervidés sur les cultures des agriculteurs alentour. Elle réclame la condamnation de l'auteur du grand Bleu, de Nikita, de Lucy, et autre Subway… à lui verser quelque 130 000 euros.
Chaque partie était représentée à ce procès par son avocat. C'est Maître Charles Lagier, l'avocat des chasseurs, qui a pris la parole en premier : "l'affaire dure depuis 2012", a expliqué l'avocat des barreaux de Lyon et Paris. "Il y a eu échec en mars 2019 d'une tentative de conciliation amiable, d'où cette action récursoire contre Luc Besson", a justifié l'avocat, évoquant "11 constats d'huissiers chez 11 agriculteurs". Et de poursuivre : "Luc Besson est propriétaire détenteur du droit de chasse, c'est un citoyen ordinaire, pas un people". Et de préciser : "Le débat, ici, ce n'est pas 'chasser'. C'est payer. Il ne chasse pas. On vit en démocratie, c'est son droit. Mais soit il respecte le plan de chasse, soit il assume financièrement". Selon la plaidoirie de l'avocat, Luc Besson n'aurait jamais demandé de plan de chasse (qui permet l'abattage des animaux pour le respect de l'équilibre cynégétique) avant 2017. Sous la pression des agriculteurs, il s'y serait plié en 2017. Mais pas en 2018 ni en 2019. La Fédération des chasseurs de l'Orne réclame que le cinéaste soit condamné à lui verser quelque 130 000 euros. Maître Charles Lagier :
Maître Lagier
Luc Besson n'assistait pas à cette audience, il est aux États-Unis. En revanche, sa mère et sa fille y assistaient. Pour Maître Jean-Marc Descoubes, l'avocat de la défense du cinéaste, "les cerfs incriminés dans ce procès peuvent très bien venir de la forêt voisine de Saint-Evroult et l'accusation ne démontre pas le lien entre les dégâts causés aux cultures, et le cinéaste". "Y a-t-il une concentration anormale de cervidés dans la propriété du défendeur ? Causent-ils des dégâts ? Est-ce prouvé ? Y a-t-il un lien direct ? Ce dossier, c'est le droit de la preuve", a plaidé l'avocat.
Incident de séance
Et l'avocat du cinéaste de poursuivre : "pour des motifs clientélistes, la Fédération des chasseurs de l'Orne dont le président est aussi le président du Conseil départemental a accordé des indemnités avec une certaine facilité aux agriculteurs. On a juste les factures, mais pas les dossiers administratifs ni les rapports d'experts". Cette déclaration a fait sortir de ses gonds Maître Lagier, qui a indiqué saisir le bâtonnier, quant à l'accusation envers le président de la FCO. La présidente du tribunal a appelé les deux avocats à un peu de sérénité, la plaidoirie a pu reprendre…
D'où viennent les cerfs ?
"Rien ne prouve que les animaux viennent de chez Besson", continue Maître Descoubes. Il déploie une carte IGN devant la présidente et explique : "des exploitations indemnisées sont au Sap-André, à Croisilles, à Cisai-Saint-Aubin, loin de chez Luc Besson. Bien sûr, il y a quelques cerfs sur sa propriété, mais après, ça relève du fantasme, sa propriété fait 1 % de la surface de la Forêt voisine de Saint-Evoult". Maître Descoubes :
Maître Descoubes
Après une heure d'audience, le tribunal d'instance d'Argentan a mis sa décision en délibéré au 26 décembre 2019.
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