Emmanuel et Brigitte Macron sont attendus dans l'après-midi (heure locale) à Shanghai, capitale économique chinoise, pour une deuxième visite à dominante commerciale. Lors de son premier voyage en Chine, début 2018, M. Macron avait promis de revenir dans le pays au moins une fois par an.
"Entre amis, on offre toujours le meilleur, surtout à un ami qui vient de loin. Il faut lui réserver l'accueil le plus amical et le plus chaleureux", a promis jeudi un haut responsable du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhu Jing, paraphrasant Confucius.
Le "clou" de la visite devrait être un dîner mardi entre le couple présidentiel français et le président chinois Xi Jinping accompagné de son épouse, la chanteuse Peng Liyuan. Au coeur du vieux Shanghai, le jardin Yu, considéré comme l'un des plus beaux de Chine, est réservé pour l'occasion.
"Sans tabou"
Le président chinois cherche à renforcer ses contacts avec les Européens au moment où l'économie de son pays ralentit, un recul aggravé par la guerre commerciale avec les Etats-Unis. Il fait face aussi depuis cinq mois à un défi sans précédent à Hong Kong, où des manifestants contestent l'emprise jugée croissante de Pékin.
Alors que l'Elysée a assuré qu'Emmanuel Macron aborderait "sans tabou" les questions de droits de l'Homme ainsi que la situation à Hong Kong et dans la région à majorité musulmane du Xinjiang, Pékin a adressé une mise en garde au président français.
"Hong Kong et le Xinjiang relèvent des affaires intérieures de la Chine, il n'est pas pertinent que ce soit à l'ordre du jour diplomatique", a averti le diplomate chinois.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a appelé M. Macron à faire pression sur son homologue "pour la fermeture des camps d'éducation politique" au Xinjiang, où Pékin détiendrait plus d'un million de Ouïghours, une ethnie soupçonnée de tendances islamistes et séparatistes.
A son arrivée lundi, Emmanuel Macron devait assister à un dîner de gala avec les autres dirigeants mondiaux conviés à l'inauguration de la deuxième Foire aux importations de Shanghai, un rendez-vous annuel instauré par le régime communiste pour convaincre de son intention d'ouvrir son marché.
Le dialogue franco-chinois "est très important au moment où le monde connaît tant de crises successives, où le protectionnisme et l'unilatéralisme ne cessent de monter", a souligné le diplomate chinois en désignant sans les nommer les Etats-Unis.
Dans l'entourage d'Emmanuel Macron, on estime que "les Etats-Unis posent les bonnes questions mais apportent les mauvaises réponses" avec leur guerre commerciale.
"Facteur de déstabilisation"
Alors que Washington a multiplié aussi ces dernières semaines les avertissements sur la menace stratégique et idéologique que constituerait Pékin, "la France et la Chine, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, en tant que pôles de civilisation", doivent prendre "leurs responsabilités pour sauvegarder la prospérité et la paix mondiales", a affirmé M. Zhu.
Pour le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l'Université baptiste de Hong Kong, il ne fait pas de doute que l'offensive américaine pousse les Chinois à se rapprocher de la France, mais aussi de l'Allemagne et du Royaume-Uni.
Pour autant, "les Européens seraient naïfs de croire qu'ils peuvent s'allier à la Chine contre Trump", avertit-il.
"La Chine reste un problème pour l'OMC, un facteur de déstabilisation en mer de Chine méridionale, une menace face à Taïwan et un pôle autoritaire face à Hong Kong et à nos valeurs démocratiques", estime l'auteur de "Demain la Chine, démocratie ou dictature?"
Les marines française et chinoise ont d'ailleurs été aux prises lors d'un incident naval au printemps dernier dans le détroit de Taïwan.
Si la France cherche à "jouer un rôle de perturbation, ce n'est pas ce que nous espérons voir", a averti M. Zhu, à propos de la présence française dans la région indo-pacifique.
A Shanghai, le président français inaugurera mardi le nouveau Centre Pompidou installé dans la métropole géante de 24 millions d'habitants.
Il sera à Pékin mercredi pour de nouveaux entretiens avec Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang. Une quarantaine de contrats doivent être signés à cette occasion.
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