"Saudi Aramco confirme son intention d'entrer à Tadawul, la Bourse nationale saoudienne", a indiqué la compagnie sur Twitter, après le feu vert donné par le régulateur saoudien du marché financier à cette opération.
"C'est une étape significative dans l'histoire de la société et un progrès important pour la réalisation de 'Vision 2030', le plan directeur du royaume pour une diversification et une croissance économiques durables", a déclaré le président du Conseil d'administration d'Aramco, Yasir al-Rumayyan, dans un communiqué.
"Vision 2030" est un plan initié par le prince héritier Mohammed ben Salmane qui vise à préparer la plus grande économie arabe à une ère post-pétrolière.
Aramco devrait céder en tout 5% de son capital, dont 2% lors de son baptême boursier sur le Tadawul, avaient déclaré en début de mois des sources proches du dossier à l'AFP.
Le calendrier prévoit une entrée en deux temps: d'abord sur le Tadawul, en décembre, puis, en 2020, sur une place financière internationale encore à définir, selon une source proche du dossier.
L'entreprise n'a pas donné dimanche de précision sur son entrée sur une place financière internationale mais a indiqué que ses actions seraient offertes sur le marché saoudien aux investisseurs institutionnels, aux citoyens saoudiens et aux résidents étrangers en Arabie saoudite, et aux citoyens des pays du Golfe.
L'introduction en Bourse devrait valoriser l'entreprise entre 1.500 et 1.700 milliards de dollars, soit la plus grosse capitalisation mondiale, selon une source proche du dossier.
Investisseurs attentifs
Aramco, décrite comme la compagnie la plus rentable du monde, a annoncé avoir réalisé sur neuf mois, jusqu'en septembre, un bénéfice de 68 milliards de dollars. La société n'a commencé à annoncer ses résultats que récemment.
Pour 2018, elle a fait état de 111,1 milliards de dollars de bénéfices, soit plus que les bénéfices combinés d'Apple, de Google et d'Exxon Mobil.
L'introduction en Bourse avait été envisagée depuis 2016 par le prince héritier, qui réclamait une capitalisation à 2.000 milliards de dollars.
En 2018, l'homme fort du royaume avait décidé de reporter l'opération parce que la capitalisation calculée par les banquiers, après des rencontres avec de potentiels investisseurs, était en dessous de ce seuil.
Par la suite, Aramco, qui devait lancer en octobre la première partie de son introduction, avait décidé de repousser la date à décembre ou à janvier.
La semaine dernière, le bulletin spécialisé Energy Intelligence a cité des sources disant s'attendre à ce que les Saoudiens acceptent une évaluation de 1.600 à 1.700 milliards de dollars de l'entreprise.
En ce qui concerne l'évaluation d'Aramco, les autorités saoudiennes doivent trouver "un compromis entre la préférence déclarée du prince héritier et les réalités du marché", a estimé Kristian Ulrichsen, chercheur à l'Institut Baker de l'Université Rice aux Etats-Unis.
"Comme le processus a été retardé à plusieurs reprises et qu'il fait partie intégrante du plan du prince héritier visant à transformer l'Arabie saoudite, les investisseurs internationaux seront très attentifs à la performance d'Aramco sur le marché (financier) intérieur", a déclaré M. Ulrichsen à l'AFP.
Joyau économique
Aramco, qui produit environ 10% du pétrole mondial, est l'entreprise la plus rentable au monde et est considérée comme le joyau économique du royaume et le pilier de sa stabilité économique et sociale.
L'Arabie saoudite a redoublé d'efforts pour séduire les investisseurs en promettant des dividendes annuels de 75 milliards de dollars, selon le site internet de l'entreprise.
Ryad cherche également à encourager des familles saoudiennes riches à acheter des participations dans la firme, tandis que certains commentateurs saoudiens ont cherché à présenter cet investissement comme un devoir patriotique.
"Une fonction importante de l'introduction sur la Bourse locale est de projeter de la confiance dans l'entreprise à destination du marché international", a déclaré à l'AFP Cinzia Bianco, chercheur à l'European Council on Foreign Relations.
"Cela permet au prince Mohammed de montrer qu'il tient ses promesses et qu'il fait ce qu'il a à faire, une nouvelle étape pour rassurer les investisseurs internationaux sur le fait que l'introduction en Bourse aura lieu après tout", a ajouté M. Bianco.
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