La diplomatie climatique de l'ONU avait été plongée dans l'incertitude mercredi avec l'annonce brutale par le président chilien Sebastian Piñera, confronté à une agitation sociale qui ne faiblit pas, qu'il renonçait à accueillir comme prévu début décembre la grande réunion annuelle sur la lutte contre le changement climatique.
Jeudi, M. Piñera avait annoncé que le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez lui avait "généreusement proposé d'organiser la COP25 à Madrid aux mêmes dates auxquelles cette conférence était programmée au Chili", toujours sous présidence chilienne, mais délocalisée.
La responsable climat de l'ONU, Patricia Espinosa, avait apporté son soutien à l'initiative espagnole, y voyant un signe "encourageant de voir des pays travailler ensemble (...) pour faire face au changement climatique qui est le plus grand défi auquel sont confrontées les générations présentes et futures".
Et les choses n'ont pas traîné, puisque vendredi, après des consultations d'urgence, Mme Espinosa a pu tweeter: "Nous sommes heureux d'annoncer que le bureau de la COP a convenu que la #COP25 aura lieu du 2 au 13 décembre à Madrid en Espagne".
"l'Espagne travaille déjà"
Madrid a indiqué avoir fait cette proposition "vu le court délai disponible et l'importance de garantir que la COP25 se tienne normalement", et même si le pays doit tenir le 10 novembre des élections législatives.
Or, selon les sondages aucun parti ne semble se diriger vers une majorité absolue et le pays risque donc d'être en pleines tractations pour la formation d'un gouvernement au moment de la COP.
Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez s'est félicité sur Twitter vendredi de "l'excellente nouvelle" de la confirmation du changement par l'ONU, assurant que "l'Espagne travaille déjà pour garantir le bon déroulement de la #COP25".
Car c'est bien le défi de réorganiser en quatre semaines les plans pour les quelque 25.000 délégués initialement attendus à Santiago qui va dominer les derniers préparatifs d'une conférence dont l'objectif affiché est de convaincre les Etats de rehausser leurs engagements en 2020 pour tenir les objectifs de l'accord de Paris, soit un réchauffement "nettement en dessous de deux degrés" par rapport à l'ère pré-industrielle et si possible 1,5 degré.
Outre les diplomates, les "Conférences des parties", nom officiel des COP, rassemblent des milliers de participants issus de la société civile -ONG, syndicats, partis, entreprises notamment- venus aiguillonner ou tenter d'influencer les négociateurs officiels.
Exemple iconique de cette participation, la jeune militante suédoise Greta Thunberg, initiatrice des grèves de jeunes pour le climat. Elle refuse de prendre l'avion, trop polluant, et avait traversé l'Atlantique en voilier pour participer début septembre à un sommet climat de l'ONU à New York avant de se rendre à Santiago pour la COP...
"Je vais avoir besoin d'un peu d'aide," a-t-elle lancé sur Twitter depuis les Etats-Unis. "Il s'avère que j'ai traversé la moitié du globe, dans le mauvais sens:) J'ai besoin de trouver un moyen pour traverser l'Atlantique en novembre... Si quelqu'un pouvait me trouver un moyen de transport, je serais extrêmement reconnaissante".
L'ONG internationale Action Aid a souligné que la relocalisation de la COP "présente de réels obstacles à la participation de pays du sud et de la société civile", évoquant notamment des questions de visas et de coûts. Ce qui pourrait selon elle modifier les équilibres politiques de la conférence "et avoir des conséquences réelles et durables pour les populations vulnérables".
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