Le 4 novembre est traditionnellement l'occasion en Iran de rassemblements conspuant l'Amérique, le "Grand Satan" dans la phraséologie officielle.
Cette année, les célébrations de l'événement doivent commencer dès samedi avec l'inauguration de nouvelles fresques sur les murs de l'ancienne ambassade.
Les célèbres peintures antiaméricaines qui exaltaient depuis plusieurs décennies la Révolution islamique sur l'enceinte de l'ex-représentation diplomatique ont été effacées fin septembre, pour renouveler le genre à l'occasion du quarantième anniversaire.
Le 4 novembre 1979, moins de neuf mois après le renversement du dernier chah, un groupe d'"étudiants islamiques" prend d'assaut le bâtiment avant de retenir le personnel diplomatique présent sur place, exigeant, pour libérer les otages que Washington extrade le monarque déchu afin qu'il soit jugé en Iran.
La crise dite des otages ne s'achèvera que 444 jours plus tard avec la libération de 52 Américains.
Rompues entre-temps, les relations diplomatiques irano-américaines n'ont jamais été rétablies.
Démesure
Aujourd'hui, la tension entre Téhéran et Washington connaît de nouveaux pics sur fond de retrait des Etats-Unis de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015 et en raison de la poursuite d'une politique américaine de "pression maximale" contre une République islamique que la Maison Blanche accuse de tous les maux du Proche et Moyen-Orient.
Pour l'universitaire américain Gary Sick, qui fut en première ligne sur ce dossier alors qu'il était au Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis, la crise des otages est "probablement le meilleur élément d'explication à l'impasse dans laquelle nous nous trouvons maintenant".
"Tout ce que l'Iran a fait et tout ce que nous avons fait depuis lors, le genre de punition qui est infligé à l'Iran, tout cela est totalement démesuré", a-t-il dit au bureau de l'AFP à Washington.
Pour les autorités de Téhéran, la décision du président américain Donald Trump de dénoncer l'accord de Vienne mais aussi de réimposer et étendre des sanctions économiques contre l'Iran est la preuve que les Etats-Unis sont tout sauf un partenaire digne de confiance.
"Comme les gens de ma génération, je crois que nous n'avons jamais eu un problème avec le peuple américain", dit à l'AFP Khadijeh, étudiante de 19 ans à Téhéran.
Le coeur du problème, c'est la politique constamment mal-intentionnée des gouvernements américains vis-à-vis de l'Iran, estime la jeune femme.
Aujourd'hui vice-présidente chargée des femmes et de la famille, Massoumeh Ebtékar avait 20 ans lors de l'assaut contre l'ambassade américaine et elle fut la porte-parole des "étudiants islamiques".
Dans un entretien accordé en 2016 à l'AFP, elle avait déclaré regretter l'isolement international subi par l'Iran après la prise de l'ambassade mais ne pas regretter un instant l'action elle-même.
"Imminence du danger "
Selon elle, les étudiants étaient alors convaincus que les Etats-Unis préparaient un coup d'Etat contre la "jeune et fragile" Révolution islamique: "ils n'étaient pas extrémistes, ils étaient convaincus de l'imminence du danger".
La prise de l'ambassade "a eu un coût, mais un coût inférieur au bénéfice" de cette action, a assuré Mme Ebtékar au site KhabarOnline fin 2018.
A l'inverse, un autre acteur de ces événements, Ebrahim Asgharzadeh, a présenté ses excuses pour la prise d'otages, lors d'un débat en 2014.
"Nous voulions juste occuper l'ambassade 48 heures, et je ne suis pas d'accord avec la façon dont cette action est portée aux nues et l'idée selon laquelle nous devrions scander +Mort à l'Amérique+ pour toujours", a alors déclaré l'ancien étudiant devenu depuis député réformateur.
Avec le temps, certains hauts responsables --tant en Iran qu'aux Etats-Unis-- ont cherché à tourner la page de la crise des otages, afin d'écrire un nouveau chapitre de l'histoire des relations entre les deux pays, comme l'ancien président iranien Mohammad Khatami, ou le prédécesseur de M. Trump, Barack Obama.
Mais pour M. Sick, professeur à Columbia University, la crise des otages "a laissé une marque dans l'inconscient collectif américain", élément qui aide à comprendre l'attitude de Washington vis-à-vis de Téhéran depuis lors.
"Les Etats-Unis ont été humiliés, c'était une période extrêmement pénible" pour les Américains, ajoute-t-il, "on oublie souvent que la crise des otages a été pour les Etats-Unis la première crise de politique étrangère couverte en continu à la télévision", s'invitant tous les jours dans "chaque foyer du pays".
Agé de 25 ans, Parsa, étudiant en beaux-arts à Téhéran, estime que "l'Iran devrait commencer à négocier avec les Etats-Unis" et que de telles "discussions bénéficieraient aux deux parties".
Mais il risque de devoir attendre. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a exclu en septembre toute discussion avec les Etats-Unis tant que ceux-ci ne "reviennent" pas à l'accord de Vienne.
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