Des milliers de Chiliens ont de nouveau afflué vers la plaza Italia, l'épicentre des manifestations à Santiago. Nombre d'entre eux étaient grimés dans le style Halloween, d'autres travestis en extraterrestres, dans une allusion aux propos de l'épouse du président en début de crise, Cecilia Morel, qui avait craint "une invasion d'aliens".
Quelques manifestants encapuchonnés ont lancé des pierres et des cris "assassins!" sur des policiers, en référence aux vingt décès survenus dans le conflit social, s'attirant en réaction des gaz lacrymogènes.
Un peu plus tôt jeudi, des centaines de manifestants avaient emprunté l'Alameda, la principale avenue de la capitale, jusqu'à proximité du palais présidentiel de La Moneda, où ils ont été dispersés par les forces au moyen de canons à eau et gaz lacrymogènes.
Côté politique, Alvaro Elizalde, le président du Parti socialiste (PS), le principal parti d'opposition, a affirmé à l'issue de la réunion convoquée par le président que le gouvernement n'était "pas disposé à écouter les demandes des citoyens". Le chef du Parti pour la Démocratie (PPD), de centre gauche, Heraldo Munoz, a déclaré ne pas avoir constaté "pour l'heure de signal clair en faveur du dialogue".
Le président Sebastian Pinera, qui semble impuissant à juguler la contestation malgré l'annonce d'une batterie de mesures sociales, avait déjà tenté de réunir tous les partis trois jours après le début de l'explosion sociale le 18 octobre, déclenchée par une hausse du prix du ticket de métro dans la capitale.
Mais le PS avait boycotté la réunion en raison de l'état d'urgence décrété dans la capitale et plusieurs régions du pays pour faire face aux troubles. Il est désormais levé depuis le 28 octobre.
Le nouveau ministre de l'Intérieur, Gonzalo Blumel, en poste depuis le remaniement gouvernemental effectué lundi par le chef de l'Etat, a annoncé que le gouvernement était prêt à réviser un projet de loi de réforme fiscale déjà envoyé au Parlement.
Ce projet de loi destiné à remplacer une réforme approuvée lors du deuxième mandat de la présidente socialiste Michelle Bachelet (2014-2018) devait, selon l'opposition, offrir des cadeaux fiscaux aux plus riches.
En ce qui concerne la modification de la Constitution en vigueur depuis la dictature d'Augusto Pinochet (1970-1993), réclamée par la gauche et de nombreux manifestants, le ministre a indiqué que le "gouvernement n'était fermé à aucune option".
Mercredi, le président Pinera s'était déjà dit ouvert à engager des "réformes structurelles" du modèle socio-économique ultralibéral chilien, hérité de la dictature et peu remis en cause depuis.
La crise sociale au Chili, qui a fait 20 morts et plus d'un millier de blessés, a contraint le gouvernement chilien à renoncer à accueillir la conférence de l'ONU sur le climat COP 25 prévue en décembre à Santiago et le sommet du forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec) les 16 et 17 novembre.
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