Dans un entretien avec une chaîne sur YouTube, le parlementaire de 35 ans a estimé que si la protestation en cours au Chili s'étendait au Brésil, la réponse pourrait être de remettre en vigueur l'Acte institutionnel numéro 5 (AI-5), par lequel le régime militaire a fermé le Congrès en 1968 et suspendu les libertés constitutionnelles.
Le fils Bolsonaro a accusé Cuba et le Venezuela, aux régimes socialistes, d'être derrière la vague de protestation régionale en Amérique du Sud, et a associé ces mouvements aux guérillas de gauche des années 1960.
"Il arrivera un moment où la situation sera la même qu'à la fin des années 60 au Brésil, quand ils [les mouvements de gauche radicalisés, ndlr] détournaient des avions, exécutaient, séquestraient de hautes autorités comme des consuls, des ambassadeurs, exécutaient des policiers, des militaires", a dit Eduardo Bolsonaro.
"Si la gauche se radicalise à ce point, il nous faudra y répondre. Cette réponse peut être un nouvel AI-5, ça peut être une législation approuvée par référendum", a-t-il ajouté.
Ces propos ont soulevé un tollé, y compris parmi les alliés du gouvernement de Jair Bolsonaro.
Le président prend ses distances
Le chef de l'Etat, pourtant un habituel thuriféraire de la dictature militaire, a lui-même pris ses distances. "On regrette cette information, en partie fallacieuse, mais mon fils est prêt à présenter ses excuses, sachant que ses déclarations ont été mal interprétées", a dit le président d'extrême droite sur la chaîne de télévision Band.
Eduardo Bolsonaro a ensuite adopté la même ligne, dans le même média: "Je présente mes excuses à quiconque a pu comprendre que j'envisage le retour du AI-5 ou que le gouvernement étudie une mesure en ce sens. Cette possibilité est une interprétation fallacieuse de ce que j'ai dit. J'ai seulement fait mention du AI-5, je n'ai pas dit qu'il serait remis en vigueur".
Dans une vidéo diffusée l'année dernière, en pleine campagne électorale, il disait déjà qu'"il suffirait d'un soldat et d'un caporal pour fermer le Tribunal suprême fédéral" (STF), la plus haute instance judiciaire du pays.
Les trois fils de Jair Bolsonaro font de la politique (le sénateur Flavio, le député Eduardo et le conseiller municipal Carlos) et jouent un rôle actif dans les coulisses du pouvoir, dans un style généralement agressif, même s'ils ne font pas partie du gouvernement.
Le président de la Chambre des députés, Rodrigo Maia (DEM, centre-droit), a qualifié les déclarations d'Eduardo Bolsonaro de "répugnantes" et indiqué que "l'apologie réitérée des instruments de la dictature est passible de sanctions".
Pour Davi Alcolumbre, président du Sénat du même parti, les propos du fils Bolsonaro relèvent d'un "inadmissible affront à la Constitution".
L'opposante de gauche Gleisi Hoffmann, présidente du Parti des travailleurs (PT) de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, a twitté que la déclaration d'Eduardo Bolsonaro était de type "criminel, contraire à la Constitution et à la démocratie".
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