Les deux constructeurs ont annoncé jeudi être tombés d'accord à l'unanimité sur le principe d'une fusion, en insistant fortement sur les affinités industrielles et l'équilibre entre les fiancés.
L'accord définitif pourrait intervenir "dans les prochaines semaines", selon leur communiqué commun.
Avec 8,7 millions de véhicules vendus par an, la nouvelle entité, qui serait basée aux Pays-Bas, mais resterait cotée à Paris, Milan et New York, deviendrait le n°4 mondial. Elle serait détenue à "50/50", les actionnaires des deux groupes se partageant exactement le capital au terme de diverses opérations financières.
FCA distribuerait en particulier à ses actionnaires un dividende exceptionnel de 5,5 milliards d'euros, tandis que PSA cèderait aux siens ses 46% de parts dans l'équipementier Faurecia.
Même souci de parité au conseil d'administration: cinq membres seraient nommés par Fiat-Chrysler, cinq par PSA, le onzième étant Carlos Tavares, actuel patron du constructeur français qui deviendrait directeur général de ce nouveau groupe.
John Elkann, le président de Fiat-Chrysler, prendrait la tête de ce conseil.
Pour l'heure, l'Etat français, actionnaire à 12% de PSA, accueille l'idée avec bienveillance. Lors d'autres fiançailles aussi spectaculaires que rapidement avortées au printemps, cette fois entre Fiat Chrysler et Renault Nissan, Paris - également actionnaire - avait au contraire freiné.
"Je préfère voir Peugeot continuer à se développer, réussir un développement spectaculaire, devenir aujourd'hui le quatrième constructeur automobile mondial avec Fiat plutôt que d'être en dehors de ce mouvement de consolidation automobile qui est absolument indispensable", a souligné le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.
"Si il y a des économies d'échelle (à réaliser), tant mieux, les deux groupes en bénéficieront, mais l'important est de garantir le niveau d'emploi et d'investissement ici en Italie", a déclaré le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte à l'Agence italienne AGI.
Les deux groupes ont assuré qu'"aucune fermeture d'usine" n'était prévue.
Pays-Bas
"La même promesse avait été faite lors du rachat d'Opel Vauxhall en 2017 et elle a été tenue", souligne à l'AFP Patrick Michel, secrétaire Force Ouvrière - premier syndicat chez le constructeur - du comité de groupe monde chez PSA.
La CGT, troisième syndicat, est moins enthousiaste: "On est inquiet pour l'emploi de manière générale, bien sûr, il va y avoir des doublons, et une mise en concurrence des usines et des salariés", craint Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central.
Les syndicats sont en revanche unanimes pour critiquer le choix des Pays-Bas: une "magouille fiscale" selon la CGT, une "facilité" pour FO.
En Bourse, les actions des deux constructeurs connaissaient des fortunes radicalement opposées. A 15H30 (14H30 GMT) à la Bourse de Milan, Fiat Chrysler bondissait de 8,8%, tandis qu'à Paris PSA dévissait de 11,9%.
"La capitalisation boursière de Peugeot est supérieure à celle de Fiat Chrysler. Avec une fusion à 50/50, c'est de fait Peugeot qui rachète techniquement Fiat (...). Le marché prend donc en compte cette situation", a observé auprès de l'AFP Daniel Larrouturou, gérant actions chez Dôm Finance.
Un couple bien assorti?
PSA et FCA ont évalué à 3,7 milliards d'euros les synergies, c'est-à-dire les économies de moyens générées par leur rapprochement, pour une société dont le chiffre d'affaires consolidé est évalué à 170 milliards d'euros.
Le couple se veut bien assorti. "PSA et Fiat-Chrysler se connaissent très bien et leurs relations sont excellentes, ce qui nous a permis d'avancer rapidement jusqu'à ce stade. Etudier ce partenariat est totalement cohérent avec notre besoin, exprimé depuis longtemps, de renforcer notre industrie connectée", a expliqué Mike Manley, le patron de FCA.
Selon les experts, PSA apporte son expertise en termes d'électrification des véhicules, au moment où les constructeurs doivent s'adapter à des normes plus dures en matière de pollution. Tandis que FCA offre ses rutilantes Alfa Romeo ou Maserati.
La fusion permettrait également au Français de revenir sur le marché américain grâce aux Dodge et Jeep de son allié, tandis que FCA consoliderait ses positions en Europe, où il est en perte de vitesse. Le constructeur italo-américain a d'ailleurs annoncé jeudi une perte nette de 179 millions d'euros au troisième trimestre, et une baisse de chiffre d'affaires.
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