La Chambre des représentants, aux mains des démocrates, doit se prononcer à partir de 10H15 (14H15 GMT) sur une résolution donnant un cadre formel aux investigations et autorisant l'organisation d'auditions publiques, après cinq semaines d'interrogatoires à huis clos.
Grâce à ce texte, "les Américains vont pouvoir entendre en direct comment le président a abusé de ses pouvoirs", a tweeté la chef des démocrates au Congrès Nancy Pelosi.
Le 24 septembre, elle avait décidé d'engager son parti sur la voie périlleuse de l'"impeachment" --mise en accusation du président-- après des révélations sur un appel téléphonique entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky au coeur de l'été.
Lors de cet échange, le président républicain avait demandé à son interlocuteur de "se pencher" sur son rival démocrate Joe Biden et les affaires de son fils Hunter en Ukraine.
Les démocrates l'accusent d'avoir abusé de son pouvoir à des fins personnelles, Joe Biden étant bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020.
Lui martèle que sa conversation était "irréprochable" et se dit visé par un "coup d'Etat".
L'homme d'affaires a retweeté des messages de soutien, jeudi matin, de conservateurs appelant au rassemblement autour de M. Trump contre la "mascarade" des démocrates, qui "ne font que tenter d'annuler l'élection de 2016".
Diplomatie parallèle
Les démocrates ont déjà entendu une douzaine de diplomates et conseillers de la Maison Blanche.
Selon les éléments qui ont fuité, des ambassadeurs et des hauts responsables ont livré des témoignages parfois accablants pour la Maison Blanche lors de ces auditions-fleuves.
Ils ont notamment révélé les efforts déployés pendant des mois par des proches du président, dont son avocat personnel Rudy Giuliani, en marge des canaux de la diplomatie officielle, pour convaincre Kiev de fournir des informations embarrassantes sur Joe Biden.
Un conseiller à la Maison Blanche spécialiste de la Russie, Tim Morrison, est arrivé jeudi matin pour être entendu à son tour. Il aurait été témoin des pressions exercées par Donald Trump sur Kiev, en mettant une importante aide militaire américaine dans la balance, selon d'autres personnes auditionnées.
M. Morrison a démissionné à la veille de cette audition, a indiqué un haut responsable de la Maison Blanche. Il travaillait avec l'ex-conseiller à la sécurité nationale John Bolton, qui a été appelé à témoigner à son tour le 7 novembre, mais pourrait refuser de le faire.
Le président et son entourage ont vivement critiqué le secret de ces auditions, accusant les démocrates de distiller des éléments choisis. Ils leur ont aussi reproché de violer les droits de Donald Trump à se défendre et d'avancer sans avoir jamais procédé à un vote.
La résolution qui sera soumise à approbation jeudi vise à les priver de cette ligne de défense.
Outre l'organisation d'auditions publiques, elle prévoit d'autoriser les républicains à convoquer leurs propres témoins lors de la phase d'enquête supervisée par la commission du Renseignement.
Le texte prévoit ensuite le transfert des preuves à la commission judiciaire qui sera chargé de rédiger les articles de mise en accusation du président. A ce stade, "la participation du président et de ses avocats sera autorisée", selon une copie du texte.
"Parler du fond"
La défense de Donald Trump pourra ainsi demander de nouveaux témoignages ou des documents, procéder à des contre-interrogatoires et soumettre des objections. Mais, si le président refuse de coopérer aux requêtes du Congrès, ses demandes pourront être refusées.
Pour cette raison, la Maison Blanche crie à "l'arnaque".
La Constitution américaine ne donne que les grandes lignes pour destituer un président: à la Chambre des représentants revient le soin de le mettre en accusation, au Sénat de le juger. Compte-tenu de la majorité républicaine à cette chambre haute qui aura le mot final, une destitution paraît peu probable.
Sur un autre front, un juge fédéral de Washington examinera jeudi après-midi la requête d'un témoin convoqué à la Chambre, qui se dit tiraillé entre le Congrès et la Maison Blanche.
Celle-ci a en effet ordonné aux membres de l'administration de ne pas coopérer à l'enquête. La décision de la justice sera lourde de conséquences pour la suite de l'enquête.
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